Bonsoir à tous, je vous l'avais promis, le voilà: le compte rendu ce cette Saintélyon, enfin les 2 premiers épisodes
la suite demain et après demain...
9h29 Chrono
Le temps d’une nuit blanche entre St Etienne et Lyon
1er épisode : De10h30 à Minuit
Samedi 10h30 : Saint EtienneSurprise quand je déboule au Parc des Expos de Saint Etienne pour récupérer mon dossard, un longue file s'étire sur plus de 50m … Moi qui croyait en avoir pour 5 mn, comme l’année précédente… Et bien, il me faudra 1h45 pour récupérer mon dossard, le 437. L'organisation a modifié son système pour la récup des dossards, peut être auraient ils du conserver l'ancien... ?
16h00: j'émerge d’une longue sieste, une bonne douche et je commence à préparer mon waterback (sac à dos avec poche à eau) celui que je vais transporter pendant la course. Ensuite un 2éme sac avec ma tenue de course et les affaires de rechange, qui transitera lui par bus jusque' à Lyon. Pause thé + Gatosport et enfin un dernier sac pour l'avant course avec des pâtes, une bouteille de St Joseph (pour l'apéro avec mes amis de Bled Runner) des verres (on déconne pas avec un St Joseph, surtout pas de gobelets cartons) et un matelas en mousse pour le repos dans la halle du Parc Expos.
Samedi 19h00 Saint Etienne Fin prêt, je pars avec Théo et Véronique pour la gare de Chateaucreux ou doit arriver à 19h 20 le premier contingent des "Bled Runner": Laurent et Malte. Ces derniers à peine arrivés, Théo les transporte au Parc Expos pour qu'ils puissent récupérer leur dossard au plus vite.
20h40: La 2ème vague avec Guy, Cri Cri, Phil, Steph, Le Phil. Hop, tout le monde s'engouffre dans les 2 voitures et on se fait tous déposer devant le Hall B. Bonne chance, à demain à Lyon, si tout va bien …. Pendant que nous retrouvons Carole son mari Roland et l'équipe des 3 Suisses de « Courir Ensemble », qui sont arrivé en voiture de Genève et qui ont déjà installé le « bivouac », la « 2ème vague » s’immiscent dans la file d’attente pour leur dossard….. On retrouve également Ela et ses amis.
Finalement, je laisse tomber mes tupperware de pâtes et rejoins Laurent, Malte et leur ami à la pasta party, pasta que l'on accompagne d'un petit verre de St Joseph. Retour au "bivouac", tout le monde à son dossard, ça discute Marathon des Sables, Phil me donne son Road Book de 2010, c'est un précieux cadeau! On parle chaussures, boissons énergétiques, boutique quoi! C'est bien cool, je découvre avec un grand plaisir mes futurs partenaires du MDS et je me sens déjà dans la famille. On déguste les gâteaux énergétiques de Carole. On boit le thé de Roland.
Le temps passe trop vite, il faut se préparer. On définit ou se trouvera Roland qui assurera un ravito « Bled Runner » avec pour chacun la possibilité d’avoir un sac (dans le langage des pros on dit un : » drop bag »). Ca y'est tout le monde est équipé: bonnet, frontale, buff, gants, guêtres, chaines (pour certains dont moi)
23h15: Il est temps d'aller poser les sacs en consigne. Mauvaise surprise! Chacun doit aller poser son sac dans un bus en fonction de son n° de dossard ! Résultat une énorme masse de coureurs se presse devant l'entrée du bus et il me faut 20 mn avant de pouvoir déposer mon sac dans le tas qui remplit le bus… Plus le temps de retourner dans le Hall pour retrouver les autres, je file vers la ligne de départ.
Je voulais essayer de me placer dans le haut du peloton (ma stratégie de départ depuis que je l'ai expérimenté avec succès à Millau) pour essayer, sans pour autant me griller en partant trop vite durant les 8 premiers km, d'arriver au début du 1er chemin (le GR7) avant le plus gros de la foule….. Je remonte donc la masse des coureurs en me faufilant sur le bord, jusqu'à ce que je glisse sur une plaque de verglas! Bon ici ça ira très bien, inutile de chuter et de se blesser avant le départ.
23h50: L'ambiance est assez magique, beaucoup de frontales sont déjà allumées. De mon bout de trottoir je surplombe (de peu certes, vu ma taille…) cette foule énorme qui commence à trépigner. On sent la fébrilité ambiante, les regards sont inquiets, au vu des conditions de course tout le monde s'attend au pire et espère que cela ne va pas tourner au cauchemar. Tous les dieux de l’univers et d’ailleurs sont en train de recevoir à cet instant un grand nombre de prières en provenance de la Plaine Achille à St Etienne. Mais malgré tout on ressent l’impatience d’en découdre. Le speaker chauffe la salle, pardon, la rue, puis demande à tout le monde d'éclairer sa lampe, la musique est lancée, le décompte, c'est parti!!
2 ème épisode : de Minuit à 3h34Dimanche 0h01:Saint Etienne Au bout d’une minute je franchis la ligne de départ, immédiatement je peux commencer à trottiner, premier virage à droite et nous voilà parti en direction de Sorbiers. Je n'ai pas pris mon GPS, mais je me cale à une allure tranquille, surtout ne pas partir trop vite et même si un nombre impressionnant de coureurs me double, je garde ce rythme qui ne représente aucun effort. Je démarre mes aspirations d’une ou deux gorgées au Camel Bak toutes les 5mn environ. Il ne fait pas froid, j'ai juste le bout des doigts gelés, mais ils vont se réchauffer au bout de 2/3 km. On passe sous le periph (nous aussi à Sainté on a un périph !) puis vers Brico Dépôt, Focal, (ça c'est pour les stéphanois), un faux plat légèrement en montée jusqu’au carrefour de Champion. Et c'est la première vraie montée, vers le centre de Sorbiers ou quelques coureurs se mettent en mode marche (pas moi). Pour l'instant la route est sèche et sans pièges. A la sortie du village (km8) cela fait presque 1h00 que l'on est parti, on attaque la première partie sur chemin et tout de suite : la neige !
0h54 : J'allume ma frontale et comme d’autres concurrents, je me mets sur le côté et je sors mes chaînes (Yaktrak pour les spécialistes) pour la 1ère pose. Pendant 6km, je vais plusieurs fois enlever et remettre ces chaînes car dès que l'on est sur la route, les sensations ne sont pas très bonnes et cela crée une gène qui peut devenir douleur… Bonne surprise, la neige est tassée et c'est assez agréable pour courir, on ne s'enfonce pas et la couche de neige est suffisamment épaisse pour couvrir les trous ou autres cailloux sur le chemin. Je double pas mal de concurrents dans les descentes car les chaînes procurent véritablement une bonne adhérence et mettent en confiance. On traverse le hameau de Albuzy, puis après une nouvelle montée (en marchant) comme de beaucoup de coureurs, j’enlève les chaînes, car on emprunte une portion de route.
Dans la montée pour le col du Gachet, j'assiste à la magnifique sarabande de frontales qui serpentent le long du sentier. Image traditionnelle de la Saintélyon, dont on ne lasse pas. Je ne sens pas le froid, je suis parti finalement avec 3 couches et cela semble le bon choix même si on n'est pas encore au point culminant ou dans des zones ventées. Par contre depuis un moment j'ai mal au ventre, j'ai l'impression que c'est ma boisson trop froide qui me crée ces crampes d'estomacs. Cela reste supportable et disparaît quand je marche (donc dès que ça monte…)
1h35:J’arrive au col du Gachet, coup d’œil au chrono:10' avant mon estimation. Oui mon estimation ! Je me suis servi du profil de la course pour estimer les temps entre chaque ravito et j’ai donc mon petit Road Book dans la poche. Pour le Gachet j’avais compté 1h45, il est 1h35 ! Cette estimation ayant été faite avant la neige et le froid, tout va bien, mais il reste plus de 50 km et le plus dur commence. J'ai décidé fractionner la course en 6 parties, correspondantes à chaque ravitaillement afin d’éviter de visualiser la course dans sa globalité. Ainsi je fonctionne par objectif de maximum 15 km (Départ/ St Christo) et minimum 9 km (St Genou/Soucieu).
Après une descente et une bosse bien raide enneigée on arrive en bas du stade de St Christo. On croise des fêtards (sur le chemin du retour à la maison ?) qui nous encouragent. St Christo, 1er ravito, 1ère étape!
Dimanche 1h48 Saint Christo:Je passe sur le tapis de contrôle qui biiiiiip ! 7' d'avance sur mon "planning", sans avoir eu le sentiment de forcer la machine. Bon on ne s’enflamme pas, rien n'a été fait. Oui je sais, je l’ai déjà dit, mais il est important de se le répéter ! Ceci dit j'envoie quand même un SMS à Théo (mon fils, qui j’espère est rivé sur son ordi en regardant fébrilement ce que fais son père, alors qu’en fait il dort à poing fermés…) et dans l'euphorie, je lui envoie "Ste Catherine OK", ce qui veut dire que j'ai 9 minutes d'avance sur le 1er….. Passage dans la tente ravito, j'avais prévu de remplir ma poche à eau mais je vois qu'elle est encore à moitié pleine donc j'irais jusque' à Ste Catherine comme cela. Je mange ma 1/2 barre "Mulebar", un bout de banane, boit un thé (disons que ça a la couleur du thé) et sans plus m'attarder je finis ma ½ barre en marchant dans la montée bien raide juste après le ravito. C'est reparti !
On est sur une route qui monte, puis qui redescend (c’est un classique sur la Saintélyon) et cela enchaîne sur une longue montée bien raide ou très vite je remet les chaînes, malgré ça il est difficile de garder ses appuis. On vient juste de passer le pannaeau qui annonce: Arrivée 50 km ! Génial! Je ne sens pas le froid mais j'ai toujours ces maux de ventre. On voit les lumières de la vallée sur la droite. C’est beau une ville la nuit… On passe au hameau de L'Hopital et après une belle (pas belle du tout surtout la nuit, mais très dure) côte, on descend doucement par la route jusqu’au PC du Moreau.
Dimanche : 2h50 Moreau.On est au Km 22, il y a un petit ravitaillement (pas prévu à priori) et le poste de secours dans la grange. On est en pleine nature, on a déjà oublié les lumières, la ville. Je n’utilise pas la puissance maxi de ma frontale, avec la neige, la densité des coureurs, on a une bonne visibilité, il y a d'ailleurs des coureurs sans lampe. C'est vraiment une nuit blanche dans tous les sens du terme. Arrivé au point culminant (870m) on sent le blizzard, mais je n'ai pas froid (merci mon X.Bionic) et mes pieds sont toujours bien au sec, protégés qu'ils sont par mes sur chaussettes étanches et mes Injinji (gloire à elles). Panneau: il reste 45 km, formidable! Des spectateurs (courageux d'être venus jusque là) ont allumé un grand feu, cela donne envie de s'arrêter auprès d'eux. On attaque alors une grande partie toute en chemins, avec d'abord une descente pas trop sévère ponctuée par 2 "coups de cul" dont celui qui amène au Chatelard et c'est la grande descente sur Ste Catherine ou pendant un bon moment je vais suivre un gars qui annoncent les pièges:"Attention verglas! Attention boue! Voici venu le temps des premières glissades et chutes ! Même s'il est difficile de repérer les concurrents (quasiment tout le monde à un sac et son numéro caché dessous), j'ai l'impression de remonter des concurrents, je vois bien que les descentes, sont pour certains, appréhendées avec crainte…. On distingue maintenant les lumières de Ste Catherine, une dernière descente bien glissante.
On récupère la route, un virage en épingle à droite et nous voilà dans la zone du ravitaillement et du point de contrôle. Je regarde ma montre: 3h34, puis mon « road book » avec les estimations: Ste Catherine: 3h35', parfaitement dans les temps! On est au km 27. 2ème ravito, 2ème étape!
A suivre....
Frank