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Bonjour à tous,
Voilà nous arrivons à la dernière étape. Le suspense va prendre fin...!
Samedi 9 Avril : 6ème Etape
TAKKOURT N'TAKOUIT / TAZZARINE – 17,5 Km
5h18’ et 26 sec, j’ouvre l’œil gauche, puis le droit. Non je ne rêve pas, je suis bien éveillé et c’est mon premier réveil de la nuit !! Mon dernier souvenir c’est Carole avec sa frontale en train de soigner le pied de Slye. Pourtant je n’avais pris qu’un demi somnifère. Mon rythme biologique est complètement en phase avec la vie sur le bivouac. Dommage, ce soir je vais dormir dans un lit, ça se trouve je vais super mal dormir…. Bon, en attendant le lit à Ouarzazate, il faut aller à Tazzarine. Tout le monde semble avoir passé une bonne nuit, comme ce matin la « Bande à Bachir » ne démonte pas le bivouac, ça traîne dans les duvets….Une dernière petite photo de la tente. On prend notre petit déjeuner, c’est notre dernier repas au bivouac et enfin le dernier des repas lyo… Quelques photos de Laurent aujourd’hui dans une superbe tenue noire, incroyable ce gars il a réussi à caser une véritable garde robe dans son Raidlight 20+4
Je me prépare pour aller assister au départ de Guy et Cri Cri. Guy et Cri Cri font partie des 50 derniers du classement général, ceux-ci traditionnellement partent 1h00 avant lors de la dernière étape. Pas mal d’émotion au départ car ce sont de véritables héros, qui souvent ne peuvent plus que marcher et encore avec beaucoup de difficultés. Guy est le seul à gambader au milieu de ces « éclopés ». Le départ est donné et cette troupe un peu bancale traverse le bivouac sous les applaudissements. Retour à la tente ou chacun de nous se débarrasse de tout ce devient inutile, tout ce que l’on ne souhaite pas ramener : tapis de sol, tee shirt usé ou déchiré, médicaments, etc.… Je m’équipe pour la dernière fois, j’enfile mon cuissard, mes chaussettes Injinji à orteils qui finalement auront fait toute la course et mes chaussures. Avec ma chemise « désert » Raidlight dans un état misérable, mes guêtres déchirées, la barbe de 8 jours, je dois certes avoir le look baroudeur, mais ce n’est pas vraiment la tenue de gala pour la « Dernière ». Toute la tente N°10 se dirige vers l’aire de départ après un dernier regard vers la tente vide. On s’était habitué à vivre ici, j’ai un peu le sentiment de quitter une maison après y avoir vécu plein de choses.
8H45 : nous voilà réuni vers les structures gonflables et la théière géante Sultan. Les 811 rescapés (4 abandons hier) moins les 50 déjà partis sont là. Patrick Bauer (Oui ! Oui ! Ne vous inquiétez pas ! Il est toujours sur son 4X4 !) donne le rythme, tout le monde bat des mains, dansent et sautent sur place. Même les stars en 1ère ligne frappent dans leurs mains au rythme de la musique. Certains sont déguisés, Karim Mosta (N°13) porte la célèbre coiffe d’indien de Michel Bach (une légende du MDS absent cette année). A 9h00, le départ est donné ! Avec Laurent nous répétons notre manoeuvre de la veille en nous faufilant sur la 1ere ligne. Nous voilà parti à fond derrière Karim Mosta et l’homme à la tête de cheval qui a grillé le départ. Comme la veille, j’essaye de filmer tout en essayant de rester dans la foulée de Laurent. Et comme la veille, au bout de 100m je range l’appareil et je ne vois plus Laurent ! Avant le départ, nous avons convenu avec Carole que chaque membre de l’équipe Courir Ensemble faisait son étape à son rythme, une fois franchie la ligne d’arrivée, on reviendrait sur nos pas pour retrouver les enfants et le groupe du « Grain de Folie ». Ceux-ci devant se trouver à priori 1 Km avant l’arrivée à Tazzarine. Mon idée pour ces 17 Km est de les faire à fond jusqu’au CP (Km 9) puis de finir tranquille en profitant de l’ambiance, du décor et des derniers instants de la course. J’ai aussi envie de rester dans les 420 au général et les 50/60 en V2. J’ai mis une semaine pour m’intéresser au classement, maintenant je vais essayer de me maintenir à ces positions. Pendant 3 Km c’est la traversée d’un oued avec alternance de petite zone sableuse, d’herbe à chameaux et de cailloux. Je cours à un bon rythme en suivant Marc (dossard 23). Le parcours reste plat et caillouteux, je peux donc continuer à la même vitesse toujours en courant. On suit ensuite une piste qui contourne des cultures, puis une petite descente dans l’oued. J’ai perdu Marc car dans la descente, j’ai fait ma propre trace dans les cailloux. On arrive dans une zone de sable où je dois me mettre à marcher. On longe une mine de marbre avant d’arriver au CP.
KM9 CP1
10h12, donc 1h12 pour faire les 9 Km. Pas mal, en tout cas je ne pouvais pas aller plus vite. C’est le dernier CP ! Dernier poinçon sur la carte, dernière bouteille (avant dernière en fait, il y en aura 1 à l’arrivée), c’est presque avec tristesse que je traverse le sas du CP. Je bois, je me douche, je prends mon dernier gel Mulebar, un peu d’eau dans le bidon et le dernier petit sac de poudre. Je jette ma bouteille vide et un œil pour voir si j’aperçois Laurent. Non ! Allez je repars ! Plus que 8 km de course. Dans une grosse heure, le Marathon des Sables sera fini, j’ai un peu de mal à réaliser. Sur ce je rejoins Guy et Cri Cri. Super, je n’avais pas eu l’occasion de faire un bout de chemin avec eux. Guy prend ma foulée et nous parcourons un petit kilomètre ensemble. J’aurais couru le MDS avec la légende Guy ! A la fin du plateau, Guy me laisse pour attendre Christine. Je continue en trottinant jusqu’ au début des ruines de Tazzarine. Curieusement, les coureurs sont assez espacés, chacun doit vouloir profiter intérieurement du paysage et de la satisfaction de terminer. Km 13.6, on suit une piste ou je me, remets en mode marche Je commence à rentrer dans le village, le soleil tape fort et je longe les maisons pour trouver de l’ombre. Quelques personnes sont sur le pas de leur porte. Je tape dans les mains des enfants que je croise. Je prends du plaisir à courir sur ces derniers kilomètres de course. Je commence à chercher le groupe du Grain de Folie. Je finis mes bidons car je voudrais les donner à 2 des enfants du groupe en passant. Il me semblait avoir vu que l’on arrivait sur la route 2 Km avant l’arrivée, ils devraient se trouver par là. Après une petite montée (allez courage c’est la dernière), je rejoins la route. C’est particulier de retrouver et de courir sur le goudron. Un virage sur la gauche et je traverse l’avenue principale de Tazzarine. Je cours au milieu de la rue, sur la bande blanche. Les gens sont aux terrasses des cafés, la vie du village bat son plein alors que nous coureurs dépenaillés et hirsutes en terminons de cette épreuve. Après un virage sur la droite, je vois le groupe du Grain de Folie avec les T. shirt et les chemises bleues. Un frisson me parcourt, j’ai tellement imaginé cet instant… Je repère Valentin sur son fauteuil, je m’arrête et lui tend mon bidon. A côté de lui un des jumeaux est là, je lui donne mon autre bidon. Je repars doucement quand je vois Roland. Un grand signe de la main. J’ai la chair de poule, je sens mes poils de bras qui se hérissent. J’entends la sono de l’arrivée, il y a de plus en plus de monde sur la route et sur les bas côtés. Je suis encore sous le « choc » de la rencontre quand Steph et Philou me rejoignent, ils sont avec Guy !! Formidable on va franchir la ligne ensemble ! On trottine tous les 4 de front. A gauche, il y a des danseuses avec des musiciens, à droite sous une tente, les notables de Tazzarine sont installés. Je suis un peu submergé par toute cette ambiance. Dans mon imaginaire, l’arrivée était au milieu de nulle part, comme pour une étape, là j’ai l’impression d’être au finish du Marathon de Marrakech (enfin j’imagine vu que je ne l’ai jamais fait…). Guy nous abandonne pour rejoindre Cri –Cri à l’arrière. Il est 11h25’ et 13 secondes quand les dossards 377, 376 et 201 franchissent la ligne d’arrivée du Marathon des Sables 2011 !
Arrivée de la 6ème étape et du Marathon des Sables 2011
11h25. 2H25 de course. On s’embrasse, on se congratule. On l’a fait !! Photos avec Steph, avec Philou. C’est la cohue, les concurrents arrivent, ceux déjà arrivés s’agglutinent sous l’arche d’arrivée pour faire des photos, profiter de l’instant. La sono essaye de rivaliser avec les musiciens berbères, il y a beaucoup de cris de joie. Je ressens un petit coup blues en repensant aux moments de solitude désertique vécus cette semaine. J’avance et retrouve une masse de coureurs qui se pressent pour récupérer leur médaille. Nouveau coup de « déprime » quand je vois qu’il faut presque jouer des coudes pour atteindre Patrick Bauer (mais oui ! Il est descendu de son 4x4 !!!!). Plus trop de convivialité entre participants, la ligne d’arrivée franchie on retrouve les mauvaises habitudes… Mon tour arrive et j’ai droit au bravo, à l’accolade et à la poignée de main un peu mécanique (normal, il va falloir qu’il se « tape » 800 personnes) de Patrick. Je le remercie, pas pour la médaille ou ses félicitations sur ma course mais pour nous avoir permis de vivre une telle aventure. Je n’ai pas vraiment fini ma phrase qu’il est déjà sur le coureur suivant. Je n’ai pas le temps de méditer sur cette image d’Epinal du MDS qui s’effondre quand je vois devant moi un contrôleur qui me tend une bouteille d’eau, un « lunch paquet » et bonheur absolu : une galette de pain !!! Oauhouuuuu !!! Ma médaille pour du pain ! Je rêve de ça depuis une semaine. Je prends au passage mon ticket de bus (12h30) pour rejoindre Ouarzazate. Je sors de la zone d’arrivée en mangeant mon pain, quel bonheur !
C’est la fête au village, un bar sous une tente a été installé, le marché local avec ses vendeurs prêt à vous négocier vos Nike contre 1 djellaba, les gamins qui vous accostent, bref l’ambiance traditionnelle quand un flot de « touristes » déboule au bled. On les comprend, ce n’est pas tous les jours qu’ils ont droit à l’arrivée du MDS chez eux. Je remonte vers l’arrivée en essayant de repérer Laurent. Je vais rejoindre le groupe du Grain de Folie. Les coureurs continuent d’arriver, les danseuses dansent toujours et quelques notables commencent à piquer du nez sous leur tente écrasée par le soleil. J’ai bientôt fini mon pain, quel régal ! J’arrive vers les enfants et les accompagnants du groupe. Marc et Franck qui a retrouvé son épouse sont là, radieux. Je suis un peu perdu face à tous ces gens qui se connaissent bien et se retrouvent. J’aperçois Laura assise à l’ombre, je lui donne mon dossard, je l’embrasse, je suis aussi intimidé qu’elle. Je décroche le drapeau Courir Ensemble de mon sac et je le remets à son petit voisin. Je ressens une grande émotion, j’ai les larmes aux yeux. Ne sachant pas quoi dire, ni quoi faire, je repars vers la ligne d’arrivée pour essayer de retrouver Laurent. J’aurais passé beaucoup de temps sur ce MDS à chercher Laurent…. J’arrive jusqu’ au « bar » sous la tente vers la zone d’arrivée ou je me paye un coca. Je trouve une chaise, je tends les jambes et je bois mon coca. Olalalala ! Ca c’est du plaisir !! Tellement que je demande à des Espagnols de me prendre en photo. Durant ¼ d’heure, je profite, à l’ombre, une boisson fraîche, assis sur une chaise, elle est pas belle la vie ! Il n’est pas loin de 12h30, je me dirige vers les bus ou je retrouve Steph, Philou et Guizmo. On met nos sacs dans la soute, on embarque. 12h45, le bus démarre, on quitte Tazzarine. Dernier regard vers la ligne d’arrivée ou les coureurs continuent d’arriver. Ca y’est, c’est fini, je suis arrivé au bout, j’ai retrouvé les enfants du Grain de Folie. Mission accomplie ! Le bus quitte Tazzarine quand j’ouvre mon lunch paquet.
Classement de la 6ème étape
1: El Morabity (Maroc N°4) 1h20'01'
2 :Ait Amar (Maroc N°6) à 26"
3: Ahansal (Maroc N°1) à1'32"
5 : Vierdet 1er Français (N°284) à 5'35"
98 et 1 ère Féminine : Laurence Klein (France N°280)à 31'43"
Tente N°10 Bled Runner
28: Franck (France N°197) à 18’42" « Courir Ensemble »
60: Marc (Suisse N°198) à 26’13" « Courir Ensemble »
402 : Frank (France N°201) à 1h05’11" « Courir Ensemble ».
451: Laurent (France N°231) à 1h11'28" « Papillons de Charcot »
754: Sylvain (France N°264) à 2h14’19"
755: Carole (Suisse N°196) à 2h14'19" « Courir Ensemble »
756: Alvaro (Suisse N°199) à 2h14'19" « Courir Ensemble »
Voilà nous arrivons à la dernière étape. Le suspense va prendre fin...!
Samedi 9 Avril : 6ème Etape
TAKKOURT N'TAKOUIT / TAZZARINE – 17,5 Km
5h18’ et 26 sec, j’ouvre l’œil gauche, puis le droit. Non je ne rêve pas, je suis bien éveillé et c’est mon premier réveil de la nuit !! Mon dernier souvenir c’est Carole avec sa frontale en train de soigner le pied de Slye. Pourtant je n’avais pris qu’un demi somnifère. Mon rythme biologique est complètement en phase avec la vie sur le bivouac. Dommage, ce soir je vais dormir dans un lit, ça se trouve je vais super mal dormir…. Bon, en attendant le lit à Ouarzazate, il faut aller à Tazzarine. Tout le monde semble avoir passé une bonne nuit, comme ce matin la « Bande à Bachir » ne démonte pas le bivouac, ça traîne dans les duvets….Une dernière petite photo de la tente. On prend notre petit déjeuner, c’est notre dernier repas au bivouac et enfin le dernier des repas lyo… Quelques photos de Laurent aujourd’hui dans une superbe tenue noire, incroyable ce gars il a réussi à caser une véritable garde robe dans son Raidlight 20+4
Je me prépare pour aller assister au départ de Guy et Cri Cri. Guy et Cri Cri font partie des 50 derniers du classement général, ceux-ci traditionnellement partent 1h00 avant lors de la dernière étape. Pas mal d’émotion au départ car ce sont de véritables héros, qui souvent ne peuvent plus que marcher et encore avec beaucoup de difficultés. Guy est le seul à gambader au milieu de ces « éclopés ». Le départ est donné et cette troupe un peu bancale traverse le bivouac sous les applaudissements. Retour à la tente ou chacun de nous se débarrasse de tout ce devient inutile, tout ce que l’on ne souhaite pas ramener : tapis de sol, tee shirt usé ou déchiré, médicaments, etc.… Je m’équipe pour la dernière fois, j’enfile mon cuissard, mes chaussettes Injinji à orteils qui finalement auront fait toute la course et mes chaussures. Avec ma chemise « désert » Raidlight dans un état misérable, mes guêtres déchirées, la barbe de 8 jours, je dois certes avoir le look baroudeur, mais ce n’est pas vraiment la tenue de gala pour la « Dernière ». Toute la tente N°10 se dirige vers l’aire de départ après un dernier regard vers la tente vide. On s’était habitué à vivre ici, j’ai un peu le sentiment de quitter une maison après y avoir vécu plein de choses.
8H45 : nous voilà réuni vers les structures gonflables et la théière géante Sultan. Les 811 rescapés (4 abandons hier) moins les 50 déjà partis sont là. Patrick Bauer (Oui ! Oui ! Ne vous inquiétez pas ! Il est toujours sur son 4X4 !) donne le rythme, tout le monde bat des mains, dansent et sautent sur place. Même les stars en 1ère ligne frappent dans leurs mains au rythme de la musique. Certains sont déguisés, Karim Mosta (N°13) porte la célèbre coiffe d’indien de Michel Bach (une légende du MDS absent cette année). A 9h00, le départ est donné ! Avec Laurent nous répétons notre manoeuvre de la veille en nous faufilant sur la 1ere ligne. Nous voilà parti à fond derrière Karim Mosta et l’homme à la tête de cheval qui a grillé le départ. Comme la veille, j’essaye de filmer tout en essayant de rester dans la foulée de Laurent. Et comme la veille, au bout de 100m je range l’appareil et je ne vois plus Laurent ! Avant le départ, nous avons convenu avec Carole que chaque membre de l’équipe Courir Ensemble faisait son étape à son rythme, une fois franchie la ligne d’arrivée, on reviendrait sur nos pas pour retrouver les enfants et le groupe du « Grain de Folie ». Ceux-ci devant se trouver à priori 1 Km avant l’arrivée à Tazzarine. Mon idée pour ces 17 Km est de les faire à fond jusqu’au CP (Km 9) puis de finir tranquille en profitant de l’ambiance, du décor et des derniers instants de la course. J’ai aussi envie de rester dans les 420 au général et les 50/60 en V2. J’ai mis une semaine pour m’intéresser au classement, maintenant je vais essayer de me maintenir à ces positions. Pendant 3 Km c’est la traversée d’un oued avec alternance de petite zone sableuse, d’herbe à chameaux et de cailloux. Je cours à un bon rythme en suivant Marc (dossard 23). Le parcours reste plat et caillouteux, je peux donc continuer à la même vitesse toujours en courant. On suit ensuite une piste qui contourne des cultures, puis une petite descente dans l’oued. J’ai perdu Marc car dans la descente, j’ai fait ma propre trace dans les cailloux. On arrive dans une zone de sable où je dois me mettre à marcher. On longe une mine de marbre avant d’arriver au CP.
KM9 CP1
10h12, donc 1h12 pour faire les 9 Km. Pas mal, en tout cas je ne pouvais pas aller plus vite. C’est le dernier CP ! Dernier poinçon sur la carte, dernière bouteille (avant dernière en fait, il y en aura 1 à l’arrivée), c’est presque avec tristesse que je traverse le sas du CP. Je bois, je me douche, je prends mon dernier gel Mulebar, un peu d’eau dans le bidon et le dernier petit sac de poudre. Je jette ma bouteille vide et un œil pour voir si j’aperçois Laurent. Non ! Allez je repars ! Plus que 8 km de course. Dans une grosse heure, le Marathon des Sables sera fini, j’ai un peu de mal à réaliser. Sur ce je rejoins Guy et Cri Cri. Super, je n’avais pas eu l’occasion de faire un bout de chemin avec eux. Guy prend ma foulée et nous parcourons un petit kilomètre ensemble. J’aurais couru le MDS avec la légende Guy ! A la fin du plateau, Guy me laisse pour attendre Christine. Je continue en trottinant jusqu’ au début des ruines de Tazzarine. Curieusement, les coureurs sont assez espacés, chacun doit vouloir profiter intérieurement du paysage et de la satisfaction de terminer. Km 13.6, on suit une piste ou je me, remets en mode marche Je commence à rentrer dans le village, le soleil tape fort et je longe les maisons pour trouver de l’ombre. Quelques personnes sont sur le pas de leur porte. Je tape dans les mains des enfants que je croise. Je prends du plaisir à courir sur ces derniers kilomètres de course. Je commence à chercher le groupe du Grain de Folie. Je finis mes bidons car je voudrais les donner à 2 des enfants du groupe en passant. Il me semblait avoir vu que l’on arrivait sur la route 2 Km avant l’arrivée, ils devraient se trouver par là. Après une petite montée (allez courage c’est la dernière), je rejoins la route. C’est particulier de retrouver et de courir sur le goudron. Un virage sur la gauche et je traverse l’avenue principale de Tazzarine. Je cours au milieu de la rue, sur la bande blanche. Les gens sont aux terrasses des cafés, la vie du village bat son plein alors que nous coureurs dépenaillés et hirsutes en terminons de cette épreuve. Après un virage sur la droite, je vois le groupe du Grain de Folie avec les T. shirt et les chemises bleues. Un frisson me parcourt, j’ai tellement imaginé cet instant… Je repère Valentin sur son fauteuil, je m’arrête et lui tend mon bidon. A côté de lui un des jumeaux est là, je lui donne mon autre bidon. Je repars doucement quand je vois Roland. Un grand signe de la main. J’ai la chair de poule, je sens mes poils de bras qui se hérissent. J’entends la sono de l’arrivée, il y a de plus en plus de monde sur la route et sur les bas côtés. Je suis encore sous le « choc » de la rencontre quand Steph et Philou me rejoignent, ils sont avec Guy !! Formidable on va franchir la ligne ensemble ! On trottine tous les 4 de front. A gauche, il y a des danseuses avec des musiciens, à droite sous une tente, les notables de Tazzarine sont installés. Je suis un peu submergé par toute cette ambiance. Dans mon imaginaire, l’arrivée était au milieu de nulle part, comme pour une étape, là j’ai l’impression d’être au finish du Marathon de Marrakech (enfin j’imagine vu que je ne l’ai jamais fait…). Guy nous abandonne pour rejoindre Cri –Cri à l’arrière. Il est 11h25’ et 13 secondes quand les dossards 377, 376 et 201 franchissent la ligne d’arrivée du Marathon des Sables 2011 !
Arrivée de la 6ème étape et du Marathon des Sables 2011
11h25. 2H25 de course. On s’embrasse, on se congratule. On l’a fait !! Photos avec Steph, avec Philou. C’est la cohue, les concurrents arrivent, ceux déjà arrivés s’agglutinent sous l’arche d’arrivée pour faire des photos, profiter de l’instant. La sono essaye de rivaliser avec les musiciens berbères, il y a beaucoup de cris de joie. Je ressens un petit coup blues en repensant aux moments de solitude désertique vécus cette semaine. J’avance et retrouve une masse de coureurs qui se pressent pour récupérer leur médaille. Nouveau coup de « déprime » quand je vois qu’il faut presque jouer des coudes pour atteindre Patrick Bauer (mais oui ! Il est descendu de son 4x4 !!!!). Plus trop de convivialité entre participants, la ligne d’arrivée franchie on retrouve les mauvaises habitudes… Mon tour arrive et j’ai droit au bravo, à l’accolade et à la poignée de main un peu mécanique (normal, il va falloir qu’il se « tape » 800 personnes) de Patrick. Je le remercie, pas pour la médaille ou ses félicitations sur ma course mais pour nous avoir permis de vivre une telle aventure. Je n’ai pas vraiment fini ma phrase qu’il est déjà sur le coureur suivant. Je n’ai pas le temps de méditer sur cette image d’Epinal du MDS qui s’effondre quand je vois devant moi un contrôleur qui me tend une bouteille d’eau, un « lunch paquet » et bonheur absolu : une galette de pain !!! Oauhouuuuu !!! Ma médaille pour du pain ! Je rêve de ça depuis une semaine. Je prends au passage mon ticket de bus (12h30) pour rejoindre Ouarzazate. Je sors de la zone d’arrivée en mangeant mon pain, quel bonheur !
C’est la fête au village, un bar sous une tente a été installé, le marché local avec ses vendeurs prêt à vous négocier vos Nike contre 1 djellaba, les gamins qui vous accostent, bref l’ambiance traditionnelle quand un flot de « touristes » déboule au bled. On les comprend, ce n’est pas tous les jours qu’ils ont droit à l’arrivée du MDS chez eux. Je remonte vers l’arrivée en essayant de repérer Laurent. Je vais rejoindre le groupe du Grain de Folie. Les coureurs continuent d’arriver, les danseuses dansent toujours et quelques notables commencent à piquer du nez sous leur tente écrasée par le soleil. J’ai bientôt fini mon pain, quel régal ! J’arrive vers les enfants et les accompagnants du groupe. Marc et Franck qui a retrouvé son épouse sont là, radieux. Je suis un peu perdu face à tous ces gens qui se connaissent bien et se retrouvent. J’aperçois Laura assise à l’ombre, je lui donne mon dossard, je l’embrasse, je suis aussi intimidé qu’elle. Je décroche le drapeau Courir Ensemble de mon sac et je le remets à son petit voisin. Je ressens une grande émotion, j’ai les larmes aux yeux. Ne sachant pas quoi dire, ni quoi faire, je repars vers la ligne d’arrivée pour essayer de retrouver Laurent. J’aurais passé beaucoup de temps sur ce MDS à chercher Laurent…. J’arrive jusqu’ au « bar » sous la tente vers la zone d’arrivée ou je me paye un coca. Je trouve une chaise, je tends les jambes et je bois mon coca. Olalalala ! Ca c’est du plaisir !! Tellement que je demande à des Espagnols de me prendre en photo. Durant ¼ d’heure, je profite, à l’ombre, une boisson fraîche, assis sur une chaise, elle est pas belle la vie ! Il n’est pas loin de 12h30, je me dirige vers les bus ou je retrouve Steph, Philou et Guizmo. On met nos sacs dans la soute, on embarque. 12h45, le bus démarre, on quitte Tazzarine. Dernier regard vers la ligne d’arrivée ou les coureurs continuent d’arriver. Ca y’est, c’est fini, je suis arrivé au bout, j’ai retrouvé les enfants du Grain de Folie. Mission accomplie ! Le bus quitte Tazzarine quand j’ouvre mon lunch paquet.
Classement de la 6ème étape
1: El Morabity (Maroc N°4) 1h20'01'
2 :Ait Amar (Maroc N°6) à 26"
3: Ahansal (Maroc N°1) à1'32"
5 : Vierdet 1er Français (N°284) à 5'35"
98 et 1 ère Féminine : Laurence Klein (France N°280)à 31'43"
Tente N°10 Bled Runner
28: Franck (France N°197) à 18’42" « Courir Ensemble »
60: Marc (Suisse N°198) à 26’13" « Courir Ensemble »
402 : Frank (France N°201) à 1h05’11" « Courir Ensemble ».
451: Laurent (France N°231) à 1h11'28" « Papillons de Charcot »
754: Sylvain (France N°264) à 2h14’19"
755: Carole (Suisse N°196) à 2h14'19" « Courir Ensemble »
756: Alvaro (Suisse N°199) à 2h14'19" « Courir Ensemble »
