Ultra Runners

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2 participants

    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 8 /5ème étape

    chtiquicourt
    chtiquicourt


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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 8 /5ème étape  Empty Re: Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 8 /5ème étape

    Message  chtiquicourt Mar 17 Mai 2011 - 22:42

    Ca y est ! cheers
    J'ai identifié Wink celui qui faisait le cocker triste Rolling Eyes à l'arrivée des étapes pour avoir du rab de thé ! lol! Mais tu as raison , il était tellement bon ! Laughing

    On va s'ennuyer après l'arrivée ! Sad Frank, qu'est ce que tu as prévu pour la suite ? scratch

    Patrick Cool
    Frank
    Frank


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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 8 /5ème étape  Empty Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 8 /5ème étape

    Message  Frank Mar 17 Mai 2011 - 20:50

    Bonjour à tous,

    A peine remis de l'étape longue, voilà la 5ème étape, l'étape "Marathon".
    Comme d'habitude, les remarques ou autres commentaires sont les bienvenus.

    Frank



    Vendredi 8 Avril : 5 ème étape : »Le Marathon »

    RICH MERZOUG / TAKKOURT N'TAKOUIT – 42,2 Km

    5h12, je me réveille après une nuit de sommeil presque sans interruption. Déjà plus d’une semaine que nous vivons et dormons dans ces conditions particulières. Le corps et l’esprit ont pris leurs marques et des habitudes. Il fait encore sombre, tout en me dirigeant vers les toilettes désertes à cette heure, je repense aux treks que j’ai effectués. Nous faisions la remarque que c’est au moment du retour à la « civilisation » (et de nos habitudes de citadin) que nous étions physiologiquement et mentalement adaptés au rythme et aux fonctionnement de la vie des nomades du désert. Je médite sur ces pensées, assis sur mon « trône » en constatant la justesse de mes réflexions, notamment sur le plan gastrique… Mon régime avec 1 immodium chaque matin est le bon !

    De retour à la tente, on fait notre point quotidien pour savoir qui a remporté le trophée du meilleur ronfleur de la nuit. Alvaro, ayant pris une avance assez conséquente au classement général, ne pourra que difficilement être rattrapé par Slye durant la dernière étape, la nuit prochaine. Petit déjeuner, le tryptique habituel: Thé/BCCA/Supradine et aujourd’hui Muesli +Compote. J’enfile ma tenue de « Marathonien » du désert ». Aujourd’hui, je vais mettre le Buff au lieu de la casquette, pour mon pote Nicou qui il y a un an devait faire le MDS avec moi (il courre toujours avec un buff et arbore le look « pirate »). En plus, vu la chaleur annoncée, lorsque je m’arroserais je garderais peut être plus l’humidité… ? Je fais des photos de Laurent qui a mis un beau maillot blanc, avec ses Hoka bleu et ses lacets orange fluo, il est beau comme un camion ! Tout autour les rescapés de la » Longue » (17 ont abandonné sur la 4ème étape) sont en train de s’équiper. Pour la 1ère fois j’arrive à ranger mon sac de couchage dans le sac car je n’ai plus que mon mini sac de bouffe du samedi dans la partie dorsale. Je deviens carrément rapide pour me préparer, je peux ainsi m’installer sur mon tapis de sol pour étudier l’étape sur le Road Book avant d’aller au départ.

    La 5ème étape, l’étape « Marathon ! Dans ma stratégie globale de course mise en place avec mon équipe de tacticiens (moi-même) avant de partir, je m’étais dis que si j’arrivais jusque là, j’essayerais de faire de cette étape au maximum de mes possibilités. Au maximum, car je pense que les efforts seront quasi terminés, les 17.5 Km de demain ne représentant pas, à priori, une menace pour des coureurs ayant réussis à vaincre les 82 Km de la « Longue » et ayant 233 Km dans les pattes. Je ne vise aucune place, mais je voudrais simplement donner le maximum (et un peu plus) afin de n’avoir aucun regret. Je découvre qu’il est très intéressant de visualiser le parcours de l’étape, cela peut être une aide importante, dommage qu’il m’ai fallu 5 jours pour y penser. Tout le monde m’ayant dit que le Road Book ne servait à rien, d’ailleurs beaucoup continue de le découper pour s’alléger… Bref, je me rends compte qu’il y a beaucoup de parties où j’ai la possibilité de courir et qu’à part quelques dunettes, ce n’est pas une étape trop sablonneuse. Chacun est concentré sur son « objectif », pour Franck et Marc c’est rester dans le Top 50 (pour Franck c’est plutôt leTop 30) . Laurent et moi, décidons de nous mettre en première ligne au départ, à côté de l’arche pour ne pas gêner les leaders. Laurent voudrait connaître l’ivresse de courir les premiers mètres (ou plus) avec les champions. Je trouve ça un peu inconscient, on a quand même 42 Km à parcourir, mais je ne peux rien refuser à mon « guide » et je vais le suivre pour le filmer !!!

    8h30, Patrick Bauer déjà sur son toit, nous appelle, il voudrait nous voir partir à 8h45 ! Sans doute a-t-il des trucs à faire ? Finalement ce brave homme a peut être une vie ailleurs que sur le toit de son 4x4…. ? L’ambiance dans l’aire de départ est joyeuse et animée, tout le monde se trémousse sur la musique. Il fait déjà très chaud, on s’arrose avec le reste de nos bouteilles, Guy et Cri Cri sont près de nous et finissent d’accrocher les sangles de leur sac. Briefing du « Boss » (boire, encore plus aujourd’hui…), motivation et encouragements. Tout le monde est gonflé à bloc et heureux d’être sur cette ligne de départ. Il n’y a quasiment pas d’abandon après la Longue, pour chacun cela signifie que l’on devrait aller au bout. Mais pour cela il faut parcourir ces 42,2 Km en veillant à rester dans les délais (je crois bien qu’il y a un temps limite pour cette étape) Avec la fournaise annoncée ce ne sera pas une partie de plaisir. Je suis assez serein, j’ai bien récupéré, je n’ai pas mal au pied, mon sac est léger, le profil de l’étape me convient, la chaleur ne me fait pas peur, bref comme on dit je la sens bien celle là. Et puis après 82 bornes, c’est quoi ce petit marathon de 42 km ?

    8h45, on est lâchés ! Comme prévu, Laurent est parti comme une bombe, lancé aux trousses du concurrent Marocain qui tous les matins part devant tout le monde avec son drapeau déployé. J’essaye de le suivre et de le garder dans le cadre de mon Pentax WR 90 (pub gratuite pour Pentax qui m’a offert l’appareil). Pas simple de courir vite tout en gardant l’appareil à hauteur de vue et en cadrant l’image…. J’évite de justesse de percuter un caméraman et je baisse la tête pour éviter l’hélico qui remonte les coureurs en rase mottes. Au bout de 100m, je jette l’appareil dans la poche ventrale et je reprends un rythme « normal ». C’est assez excitant de courir en tête, que votre voisin de course soit Ahansal ou El Morabity. D'avoir en point de mire, le paysage vierge de coureurs est aussi très sympa mais il ne faut pas oublier qu’il reste 42,1 Km à faire…
    On débute par un plateau légèrement caillouteux, idéal pour me mettre en rythme. Comme d’habitude je cours à gauche en parallèle à l’axe du peloton (on ne change pas une formule qui gagne). Je cherche Laurent que j’ai perdu de vue suite à son départ canon ! J’ai une petite appréhension, je suis très attentif aux signes ou autres réaction de mon corps, notamment de mes jambes. La dernière fois que je courrais, c’était lors de l’étape Longue… Aucune douleur ou gène sur mon ampoule que j’ai bien protégée par un strapping. On passe près des ruines d’anciennes mines, la « machine » s'est mise à la température, ça déroule bien d’autant que le terrain s’y prête. Km5, petite passe sablonneuse ou je reviens en mode «marche » puis je reprends la course jusqu’au Km8 avec une montée caillouteuse ou j’essaye une technique en zigzag. L’intérêt c’est que je continue à trottiner tout en montant même si je parcours plus de distance. Je garde un bon rythme, je suis à l’aise, cela me rappelle mes terrains d’entraînements. Cela semble efficace car j’ai repéré des numéros de dossards devant moi, ils sont maintenant derrière ! Une montée beaucoup plus abrupte se présente, je poursuis dans cette stratégie. Je passe de droite à gauche, je m’amuse à voir la tête de certains quand je les croise et recroise dans la file indienne qui grimpe en ligne droite. L’hélico est tout près de nous et donne une ambiance très « Apocalypse Now »à cette ascension. J’arrive au sommet, j’enchaîne sur la ligne de crêtes du djebel Bou Lalhirh. Je me fais plaisir dans la descente caillouteuse, mes cuisses ont oublié le traitement terrible que je leur ai fait subir sur la Longue et répondent présentes. Je saute d’un caillou à un autre comme un cabri (dixit Steph). Je n’ai pas fait un seul entraînement dans le sable, mais ce type de terrain ça je connais ! J’en déchire même la guêtre de ma chaussure gauche (ou droite je ne sais plus….) Après 1 petit Km dans la vallée, me voilà au CP1.

    Km 12.3 CP1
    Je retrouve avec plaisir les contrôleurs du CP1 qui me proposent 2 bouteilles que je prends volontiers vu la chaleur déjà intense. Je m’installe à l’ombre d’un 4x4, pose mes lunettes sur le capot et je me fait une mini douche avec 1 bouteille (visage, mains, cuisses, et la tête alouette). Je remplis mes bidons avec l’autre bouteille. J’ai repris goût à l’Effinov menthe, aux barres et gels Mulebar (heureusement car c’est ma seule nourriture énergétique). Quel plaisir de sentir cette fraîcheur sur le corps brûlé par le soleil. L’eau qui ruisselle dans le dos, cette humidité dans le cou conservé par le buff trempé. Bon j’arrête, je ne suis pas là pour faire une publicité pour la douche.
    1h33 pour ces 12.3Km ! Bonne moyenne compte tenu de la montée sur le djebel (au Posy je suis classé 273ème, ce qui doit être quasiment ma meilleure perf sur 1 CP). Steph et Philou arrivent (ouahouuu ! Je suis au CP1 avant eux !), j’en profite pour un petit coup de menthe auprès de Philou, je suis devenu accro !) Ils sont avec William. Pas de nouvelles de Laurent (devant, derrière ?).On quitte le CP ensemble, je vais essayer de suivre leur rythme. Tout de suite on grimpe pour atteindre un autre djebel, bien sur en marchant, ensuite c’est une descente assez technique (ou je prends beaucoup de plaisir) puis on attaque un plateau caillouteux roulant. Au Km 15.6, on pénètre dans le lit d’un oued sablonneux ou la marche redevient obligatoire pour moi. La chaleur est écrasante. On longe des palmiers ou je m’arrêterais bien faire la sieste. Après être passé à proximité d’un hameau avec des cultures, ce qui « rafraîchit » on redescend dans l’oued par un petit passage avec des marches où se trouvent des enfants. Enfin au bout de 2 km environ, j’arrive au CP2.

    Km22.3 CP2
    11h44, 2h59’ de course soit 1h30 pour ces 10Km. C’était moins propice à courir, mais compte tenu du terrain, j’ai le sentiment d’avoir fait de mon mieux (confirmée par le Posy ou je suis 298èmeau CP2). La chaleur devient terrible, de nombreux concurrents se sont réfugiés sous les tentes et les contrôleurs nous rappellent de boire et de prendre du sel. Pour l’instant je supporte bien, j’ai toujours eu un tempérament « lézard » et je ne crains pas les grosses chaleurs. Je renouvelle mon menu du CP1 (douche, etc….). Arrivent Steph et Philou, je les ai suivis dans la montée mais perdus lors de la descente. Ca me conforte dans le fait que je maintiens un bon rythme. Bon ! On a fait le semi (marathon), mais nous ne sommes pas encore au bivouac… ! Un coup de menthe (merci Philou !) un gel et on repart. On continue dans l’oued, à gauche on aperçoit les ruines d’Ait Kherdi et plus loin on longe une palmeraie. Le paysage est varié et change de ces derniers jours qui étaient beaucoup plus désertiques et monotones. On se rapproche des villages (et de l’arrivée à Tazzarine). Ceci étant depuis la sortie de l’oued c’est de plus en plus sablonneux, c’est pas bon pour ma moyenne ! On traverse une route, ça fait tout drôle de voir du goudron. Une voiture de police est là avec 2 policiers près du pont. Un concurrent Japonais s’arrête pour les prendre en photo (véridique !). Après le village d’Ait Haddou, on traverse la palmeraie où se succèdent les dunettes de sable. Sympa comme paysage, mais ma progression est très lente et je commence à voir quelques coureurs « marcheurs » avec bâtons me doubler. De mauvais souvenirs remontent à la surface… Nous sommes dans une zone très verdoyante avec beaucoup De palmiers. On passe vers un puits, un 4x4 avec des commissaires de course est présent, sans doute pour éviter que des concurrents aient l’idée (très mauvaise et dangereuse) de se ravitailler en eau. Après la palmeraie, on passe un oued (Khing) avant de rentrer dans une nouvelle palmeraie avec des petits sentiers qui serpentent à travers les cultures. Des systèmes d’irrigations courent au sol et l’on peut voir des petits champs de blé. Au milieu de la palmeraie c’est le CP3.

    Km 30.9 CP3
    La distance était courte entre ces 2 CP : 8.5 Km, mais il m’a quand même fallu plus d’une 1h30 pour la parcourir. Il est 13h25 et cela fait 4h38 que je suis parti. Ce tronçon était distrayant par son environnement, mais difficile. Je n’ai pas pu beaucoup courir et comme vous le savez quand je dois marcher, je n’avance pas ! (Au Posy je suis passé de 297 à 354ème) Comme pour un marathon sur route, le 30ème Km est le passage difficile. Sur la route, on parle de « mur » du 30ème. Aujourd’hui c’est un peu la même chose. A cette heure, le soleil tape au plus fort, la chaleur est véritablement étouffante. Le contrôleur m’annonce qu’il fait plus de 50°C !!! (Confirmé à l’arrivée : 50.4° et 41 à l’ombre…) La « douche » à la Sidi Ali sous l’auvent d’un 4x4 est un véritable bonheur. Je longe les tentes ou s’entassent les coureurs sans même y jeter un œil, je ne m’approche plus de ces endroits. On sait quand on y rentre, mais on ne sait jamais ni comment on en ressortira. Toujours pas de Laurent. C’est l’avant dernier CP de la course.
    Tout en finissant ma barre, je quitte le CP3 en sortant de la palmeraie. J’ai le souvenir (mon étude du road book ce matin) qu’il y a environ 7 Km de terrain pas trop caillouteux et surtout sans trop de sable. Effectivement, je retraverse l’oued et là s’étend à perte de vue un plateau. Les ondes de chaleur font apparaître des formes mouvantes au loin. On est de nouveau replongé dans une ambiance désertique minérale. Je décide de reprendre mes séries de 10’ avec 7’ de course et 3’ de récup (testé avec plus ou moins de succès mercredi sur la longue) En me basant toujours sur 1km pour 10’, je devrais arriver au relief à gauche du Km 40) d’ici 1h30. Cela devrait faire 9 séries. Me voilà donc parti sur ce fonctionnement là. Chaque fois que je termine une série, je crie bien fort le nombre de la série terminée et la quantité qu’il me reste ! J’explique pour ceux qui n’ont pas suivi : par exemple, plus que 8 à la fin de la 1ère. Arrivé vers la 3ème série, je rejoins ma meilleure ennemie (souvenez vous : le dossard 200 !) A la faveur de mes 7’ de course, je la double sans un regard. Elle me reprend durant mes 3’ de récup (je vous rappelle que je marche et que je m’hydrate en faisant de grands gestes respiratoires). Ce petit jeu dure durant 2/3 séries jusqu’ au Km 38 ou l’on traverse un nouvel oued, à la fin de mes 7’ de course je ne suis pas arrivé à la rejoindre. Ce n’est pas grave, je ne vais pas me mettre en surrégime pour ça… Je commence à sentir la fatigue, mes quadriceps me rappelent que je leur tire dessus et qu’ils en ont marre. Ce plateau n’en finit pas, je me motive en me répétant que je fais cette étape pour Nicou, que je dois dépasser mes limites. Après les souffrances de mercredi, cela n’est rien. Au bout de cette étape, la course sera quasiment terminée. J’essaye de repérer au loin les cailloux rouges qui balisent le parcours pour être le plus à la corde possible, mais la direction est vraiment toute droite et finalement c’est plus roulant de rester sur le chemin. J’ai abandonné mes séries 7/3, il ne devait m’en rester plus que 2 ou 3… ?
    J’arrive enfin au niveau du relief sur la gauche, je découvre la vallée avec tout au fond le bivouac ! L’arrivée ! Il doit rester environ 3 Km. Je reprends mon rythme de course malgré les cuisses douloureuses et ma fréquence cardiaque qui commence à s’emballer. Je vais tenter de garder ce rythme jusqu’ à la ligne.

    Voir le bivouac est trompeur car on l’imagine tout près. Je rattrape un coureur que je double sans un regard, c’est alors que je vois des gens sur le bord de la piste. Des gens de l’organisation (photographes, contrôleurs) ainsi que des « touristes » (amis, parents) sont venus encourager les coureurs. Je finis par me demander si ce n’est pas un mirage cette arrivée, ce bivouac. Il me semble que je ne m’en rapproche pas. J’évite de regarder au loin, je me concentre sur le coureur devant en essayant de garder l’écart, voir de me rapprocher. Je repense à la nuit sur la longue, j’essaye de faire le vide dans ma tête pour éliminer tout raisonnement. Continuer à courir, ne pas faiblir, rester insensible à toute manifestations de mes jambes. La douleur, maintenant est terrible dans les quadris. Avancer ! Avancer ! Je sais maintenant (par expérience…) que cela va finir par s’arrêter, que je vais la franchir cette foutue ligne. Quand ? Je ne sais pas, mais ça va arriver ! Au bout d’une éternité (encore une), l’arche d’arrivée est vraiment là, 100m, 50, 20, enfin le bip retentit, c’est l’arrivée !
    Je jette un œil sur mon chrono : 6h26 ! 6h30 était mon objectif. Super !

    Km 42.2 Arrivée 5ème étape : 15h11/ 6h26 de course
    Je souffle et je profite ! Oui je profite vraiment du moment, je suis exténué mais j’ai encore assez de lucidité pour apprécier. Je sais qu’il reste l’étape de demain, mais je me dis que j’ai pratiquement réussi à terminer le Marathon des Sables. Je suis content car j’ai fait l’étape comme je l’espérais : à 110 ou 120% de mon potentiel, en allant au-delà de mes limites, mais sans péter les plombs comme sur la longue, en restant lucide.
    Je vais tranquillement vers la webcam où je montre ma satisfaction de cette étape. Par les mails, j’ai appris que Théo, Nicolas et Nathalie (au magasin) entre autres, suivaient en direct la course et surveillaient mon passage à la webcam à l’arrivée. Je me dirige vers le camion de thé. Un grand moment de plaisir à boire ce thé chaud. Je suis appuyé (presque couché) contre la barrière pour reprendre mon souffle. J’ai « tapé » dans la machine, mais cette fois, je n’ai pas disjoncté. J’enlève mon sac, olallaaalaaaa, comme c’est bon !!! Je mendie une 2ème tasse de thé, écroulé contre le tonneau qui sert de bar. Le Marocain voudrait bien, mais il me montre la « flic » à coté de lui qui bien sur m’a repéré… Je lui fais mes yeux de charme (avec les lunettes noires, très efficace…) et ça marche, OK exceptionnellement ! Je m’effondre par terre, j’ai du mal à reprendre un rythme cardiaque normal. Mon 2ème thé terminé, je me relève péniblement, je repose le gobelet sur le comptoir avec sur moi toute la misère du monde et l’épuisement le plus complet. Le serveur de thé me fait comprendre que, là ça va plus être possible, mais je m’incruste, là ou ailleurs, j’ai besoin de temps pour récupérer. La contrôleuse se tourne vers l’arrière pour discuter avec un gars et mon ami profitant de l’instant remplit mon goblet ! Yes ! Bingo ! T’es le meilleur ! Je t’aime ! En lui levant mon pouce, je chope mon sas, le gobelet de thé dans l’autre main je me dirige vers la ligne d’arrivée. Je m’installe devant la structure gonflable, allongé, la tête contre le sac. Je déguste mon 3ème thé en regardant les concurrents arriver, c’est un grand moment de bonheur. Je suis remercié silencieusement par tout mon corps de ces instants de répit. J’encourage et applaudis les arrivants (doucement quand même parce que je suis bien crevé). Je profite de l’ombre, de mon thé, de la position couchée et du spectacle des coureurs qui franchissent la ligne. Je ressens une grande sérénité : j’ai le sentiment d’avoir fait une bonne course aujourd’hui. Je suis explosé mais sans aucune blessure, d’ailleurs à ce propos je n’ai jamais senti mon ampoule). Je ne me le dis pas, mais je le pense très fort, je suis arrivé au bout, je l’ai fait ! Je jubile les endorphines marchent plein gaz. J’attends Laurent, mais au bout de 20’ je décide quand même de bouger. J’ai repris mon souffle et mon cœur bat à nouveau à son rythme habituel. Par contre impossible de me relever. Un commissaire de course m’aide en me disant qu’ils sont aussi là pour ça. Merci à lui ! Je passe récupérer mes bouteilles d’eau, puis je me dirige vers la tente accueil ou l’on doit rendre la fusée de détresse. Un tabouret est libre, j’en profite illico. Je discute avec un Espagnol, (ce sont des bavards incroyables, bien plus que les Italiens) lorsque Laurent arrive. Il n’est pas très content de son étape, donc je cache un peu ma joie et nous nous dirigeons vers le bivouac.

    Sans surprise (heureusement) Franck et Marc sont là. Ils sont contents car ils finiront dans le top 50 pour Marc et dans le top 30 pour Franck (9ème V1 !!!!!). C’est un perf formidable surtout pour Franck pour son 1er MDS. J’ai un sentiment de fierté d’appartenir à leur équipe. Je me détends, allongé sur mon tapis de sol, en sirotant ma boisson de récup (Amino+Vee). J’enlève mes chaussures et mes chaussettes, tout va bien, je finirais à priori la course sans aucune ampoule aux doigts de pieds, donc bravo à mon couple chaussettes/chaussures ! Ma grosse ampoule sur le côté est en voie de séchage. Tout est OK avant la dernière étape. Je ressens un grand plaisir d’avoir atteint cls objectifs au niveau de mon état physique. Pas de blessure, pas de traumatisme, pas d’ennuis gastriques, c’est presque frustrant car je vais rentrer sans aucun stigmate démontrant la difficulté de l’épreuve sur ce plan là. La satisfaction d’avoir bien géré ces questions l’emportera sur l’impact, auprès de l’entourage, des « blessures de guerre ». Je fais une tournée avec mes derniers saucissons et noix de cajou avant d’aller faire quelques images vidéo du bivouac. Je me rends compte que j’ai très peu partagé avec les autres tentes. Guy me l’avait annoncé et ça c’est confirmé. J’ai beaucoup d »images » ou de souvenirs de ce qui s’est passé dans la tente N°10, mais je n’ai que peu de moments de partage avec nos amis Bled Runner des tentes 8 et 9. De retour à la tente, on s’inquiète de ne pas voir arriver Carole. Pour Alvaro, on sait qu’il prend son temps, qu’il n’a pas de soucis physique. Pour Slye, l’état de ses pieds et son entorse font qu’il va sûrement finir tard. Cela fait plus de 3h00 que je suis arrivé quand on décide 0 rejoindre la ligne d’arrivée pour les attendre. Au passage on jette un œil sur les tableaux de classement. En comblant treize de ses dix-huit minutes de retard, Ahansal met la pression sur El Morabity, mais de l’avis général, il ne pourra pas lui prendre 5 mn demain, sauf si pour son premier MDS, il ne peut pas gérer la pression… Chez les filles Laurence Klein va certainement l’emporter. Aujourd’hui, lors de la 5ème étape, elle a gagné l’étape devant Emma Roca et Sonia Furtado. On voit mal comment l’Espagnole pourra lui reprendre 49’39’’ à moins d’un accident…Après les extra terrestre, retour sur terre. Je découvre que je suis 354ème de l’étape, Ouahou ! Sûrement mon meilleur classement de la semaine. 426ème et 55ème V2 au classement général, ça me va très bien, car dans les 2 cas je suis dans la bonne moyenne du classement. Bon ce n’est pas tout ça, mais que font nos camarades ? Les arrivants se succèdent, quasiment tous en marchant, souvent en boitant, rarement avec le visage serein, jamais avec le sourire. 18h45, les voilà ! Tous les 3 ensemble. Alvaro et Carole encadrent Slye et le soutiennent quasiment à bout de bras. Cela fait 10h00 qu’ils sont partis. Cela fait des kilomètres que Slye ne peut quasiment plus avancer à cause de ses blessures aux pieds. Carole et Alvaro l’ont carrément transporter jusqu’au bout. Slye s’effondre au sens propre comme au figuré une fois la ligne franchie. Impressionnant de voir cet athlète (dans mes critères, c’est un « athlète » : 20 ans de moins que moi, 20 cm de plus, bâti comme une montagne …) tomber en pleurs face à la douleur et à l’effort. L’émotion le submerge. Nous le ramenons plus mort que vif à la tente. Carole en mécanicienne chevronnée se met au travail de suite afin que la machine puisse repartir demain. La nuit est tombée, il est l’heure du dernier repas au bivouac. Je termine comme j’ai commencé, par des spaghettis bolognaise, pour la 1ère fois je ressens un manque, j’ai encore faim et mon ventre me le fait savoir. Guy et Cri Cri (tente N°9) terminent l’étape à leur tour. Bravo à Cri Cri ! Elle aura réussi son pari de terminer les Sables ! Tous les Bled Runner (sauf Brian) seront à l’arrivée !

    Je pars avec Laurent pour assister au concert de musique classique, traditionnel la veille de l’arrivée. Sans smoking, mais en tong et collant nous arrivons alors que c’est terminé ! On se console en regardant sur l’écran géant, les images vidéo du résumé quotidien diffusé par TV5. Impression étrange que de regarder ces reportages sur la course alors qu’elle n’est pas terminée. Je n'arrive pas à vraiment réaliser que j’en suis un des acteurs, même quand je découvre des visages connus sur les images. Cette ambiance "d'après course" alors qu’il reste une étape est étrange. Bien sur, 17,5Km demain c’est rien quand on compare avec les 42 d’aujourd’hui ou encore plus les 82 Km de l’étape longue, mais il faudra quand même encore courir environ 2h30. Il est près de 21h00, on rentre vite se coucher après cette virée nocturne. Carole est en train de soigner les pieds de Slye qui visiblement s’est endormi, terrassé par la fatigue. Après cette longue journée, je ne sais même pas si j’ai le temps de répondre « Bonne Nuit » à tout le monde avant de sombrer à mon tour.


    Classement de la 5ème étape :

    1: Ahansal (Maroc N°1) 3h10'45"
    2: El Morabity (Maroc N°4) à 13'
    3 :Al Aqra (Jordanie N° 236) à 13'45"

    9 : Vierdet 1er Français (N°284) à 29’52

    24 et 1 ère Féminine : Laurence Klein (France N°280)à 55'40"

    Tente N°10 Bled Runner
    36: Franck (France N°197) à 1h05’26" « Courir Ensemble »
    52: Marc (Suisse N°198) à 1h19’59 « Courir Ensemble »

    354 : Frank (France N°201) à 3h15’54" « Courir Ensemble ».
    425: Laurent (France N°231) à 3h45’36" « Papillons de Charcot »
    725: Sylvain (France N°264) à 6h48’39"
    726: Carole (Suisse N°196) à 6h48'39" « Courir Ensemble »
    727: Alvaro (Suisse N°199) à 6h48'39" « Courir Ensemble »







    Dernière édition par Frank le Mar 17 Mai 2011 - 23:03, édité 1 fois

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