Ultra Runners

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laurent
Frank
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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 7: 4ème étape Jour 1

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    Message  stifleur89 Mar 17 Mai 2011 - 18:25

    bonsoir,
    tu m'interesses carole Laughing (oui je sais ca peut etre intereprété et c'est fait exprès lol! )
    parlons serrieusement,tes pistes m'interesse car je galère pour ne pas dire je rame.j'ai juste une mairie qui ma fait mes copies pour mon book de recherche de sponsor et c'est tout.moi j'ai deja mis 300euros de frais et juin approche et le premier versement aussi.

    merci par avance.
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    Message  Carole Mar 17 Mai 2011 - 0:44

    Bienvenue à toi, tu es au meilleur endroit pour préparer cette inoubliable aventure qu'est le MDS ! Il n'y a pas si longtemps, nous étions les petits nouveaux avec Frank et maintenant c'est à notre tour de conseiller, bien modestement, les futurs sableux et de partager ce qui nous a permis de passer la ligne d'arrivée.

    Je vais laisser aux plus anciens que moi la partie matérielle et technique mais si tu as besoin de conseils sur ta communication par rapport à ton association et ta recherche de sponsors, je me ferai un plaisir de te donner quelques pistes. N'hésite pas à me contacter.
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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 7: 4ème étape Jour 1 Empty merci

    Message  stifleur89 Lun 16 Mai 2011 - 1:12

    salut foued,
    merci pour tes remarques,n'hesite pas à dire tout ce qui te passe par la tete,je suis preneur.
    vais effectivement de ce pas rajouter pour l'association.
    donc tu conseils un sac de 24litres.c'est noté.
    je vais me fournir chez raidlight.
    bonne nuit
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    Message  Foued Lun 16 Mai 2011 - 0:51

    Bienvenue sur le forum Stifleur89
    J'ai été sur ton site....quelques remarques...
    1- Mets de l'info sur ton association ( on y voit que le titre..)
    2- Oublie le sac de 30 L passe tout de suite au 24 L
    Foued
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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 7: 4ème étape Jour 1 Empty que dire

    Message  stifleur89 Lun 16 Mai 2011 - 0:39

    que dire d'autre a part que j'ai mal rien que d'y penser.....mais bon....suis toujours aussi motivé et peut etre que je fais parti de tous ces dingues qui aiment souffrir.
    suis content d'avoir trouvé des barjo comme moi!!mdr cheers

    www.yannickblaudezdefi2012.com
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    Message  Foued Lun 9 Mai 2011 - 23:05

    Bravo Frank,
    Tu as passé "les portes de la perception" et tu en es revenu.....quel beau voyage....
    Foued
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    Message  bruno08 Lun 9 Mai 2011 - 19:44

    qu'est ce que c'est beau, quel courage vous avez eu
    et notre laurent national de tours!! quel Monsieur
    si tes compte rendus sont lus par patrick bauer, tu vas te retrouver à la com!!
    bravo les mecs, merci pour ce voyage fabuleux dont les mots font qu on pourrait presque s'y croire
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    Message  Carole Lun 9 Mai 2011 - 11:17

    Incroyable ! Comment fais-tu ? J'ai pourtant passé au même endroit mais je découvre tellement de choses en te lisant, c'est génial !
    La preuve que dans cette aventure chacun suit son propre chemin !
    Merci de partager avec nous ta course et tes émotions.

    laurent
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    Message  laurent Lun 9 Mai 2011 - 0:09

    Bravo tu es un champion !
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    Message  Frank Dim 8 Mai 2011 - 23:00

    Bonjour à tous,

    Aujourd'hui, suite des aventures: la 4ème étape!



    Mercredi 6 Avril : 4ème étape « La Longue »

    OUED RHERIS EST / RICH MERZOUG 82 Km

    Yallah! Yallah! Il est 6h00 et la “Bande à Bachir” est à pied d’oeuvre. Comme chaque matin, la tente N°10 a transposé ses affaires en dehors de la tente avant que celle-ci soit démontée. Le départ aujourd’hui est à 9h15. Franck et Marc eux ne partiront qu’à midi, en effet les 50 premiers plus les 5 premières féminines (ceux qui participent à « l’Autre Course ») ne prendront le départ qu’à midi. Ils peuvent ainsi dormir plus longtemps dans les tentes qui sont restés disponibles pour cette élite. C’est l’occasion pour nos camarades de côtoyer les légendes du MDS : Ahansal, Marco Olmo, etc…. Pour le reste des participants, comme chaque matin, on prend le petit déjeuner (un peu plus consistant aujourd’hui au vu de la longueur et durée de l’étape), on s’équipe et on prépare son sac. A l’image de beaucoup sans doute, je répète ces gestes devenus habituels en essayant d’évacuer la tension due à la particularité de l’étape d’aujourd’hui. 82 km, déjà la longueur, en ce qui me concerne je n’ai jamais parcouru une telle distance. Ensuite comment vais-je gérer la durée de la course ? Et puis quelle durée ? 15, 20, 25h ? Et la nuit, doit on s’arrêter pour dormir ou tenter de rallier l’arrivée non stop. Non stop voulant dire ne pas s’arrêter pour dormir car le danger c’est de se dire : je vais dormir 1h00 et de se réveiller 4 ou 5 après… !J’ai déjà réfléchi et discuté de la question avec mes partenaires Bled Runner. Steph en expérimenté pense qu’il ne faut pas s’arrêter et essayer de rejoindre l’arrivée avant le lever du jour afin de profiter vraiment de 24h00 de repos. Psychologiquement c’est important aussi, car on a le sentiment d’arriver « le même jour » qu’on est parti. Je partage cette stratégie, mais la partager ne signifie pas de pouvoir la réaliser… Ensuite il y a la gestion de l’alimentation et de l’hydratation : avant la nuit, doit je me faire un repas avec des lyos chauds, ce qui veut dire faire du feu (au bord de la piste ou à un CP, en théorie le 4) ou doit je me contenter d’un « en cas » froid(ce qui est mon choix finalement). La température aussi, car dès que la nuit sera tombée, il peut faire froid. Laurent m’a raconté que l’année dernière, il avait pris un « coup de froid » qui l’avait quasiment « gelé » sur place… Bref les interrogations sont multiples. Je prépare le ventral de mon sac avec 7 sacs de boissons énergétiques (dont 1 de Punch tomate pour casser le goût sucré), 3 Mulebar, 3 gels, des noix de cajou, du saucisson et un sac de 100g de Sportdej (pour le « repas » du soir) Une fois équipé, sac sur le dos, on se dirige vers le départ avec les encouragements de Franck et Marc qui restent sur le bivouac. Etrange sensation, celle de ne pas participer à la même course, ce qui finalement est un peu le cas…

    Pas de différences avec les jours précédents dans l’aire de départ, Patrick Bauer est toujours là (oui ! oui ! sur le toit de son 4x4…), briefing et musique (aucun souvenir du morceau). Je suis encore plus dans ma bulle que les jours précédents. Je dédramatise au maximum en me répétant que l’objectif c’est le CP1 à 12Km. On s’encourage, on se motive comme lors du 1er jour, c’est en quelque sorte un nouveau départ, une nouvelle course. J’aperçois Steph, je me dirige vers lui. J’avais dans l’idée avant le départ de faire cette étape avec lui, mais ses résultats lors des 3 premières étapes font que son niveau est beaucoup plus haut que le mien. Ceci dit, peut être jusqu’au 1er CP et voir après…. Philou avec qui il court est là et fait une tournée de sa potion magique : une goutte de menthe sur le poignet que je « sniffe » avec délectation. Ca donne un coup de fouet très agréable et ça dégage les sinus ! Sacré Philou en plus d’être un kiné hors pair (il a remis d’aplomb Laurent la veille du départ qui était coincé du dos) il possède des produits merveilleux !

    9h15, la meute est lâchée. Pour certains c'est l'occasion unique de courir en tête. J’ai repéré sur le road book que jusqu’au CP1 c’était roulant, aussi dès le départ je me décale sur mon coté gauche en courant à mon rythme. Je repère Steph avec sa casquette rouge, je suis quasiment à son niveau. Cela fait 9 mois que j’attends de vivre ces instants (faire cette étape mythique du MDS), je n’ai plus la retenue des premiers jours ou je devais m’économiser pour aujourd’hui. J’ai les yeux rivés sur les zones « dures » pour optimiser ma foulée. Je me fixe des repères (tamaris) avec la tête de la course pour essayer de prendre toujours au plus court. Les premiers ne sont pas très loin car tout le monde (sauf moi) est parti prudemment (beaucoup en marchant) . Les cinquante premiers qui en général partent comme des bombes sont encore dans leurs duvet. Je me sens bien, malgré les passages sablonneux je maintiens une bonne allure. Au Km 4, je marche durant une montée sablonneuse, je ne vois plus Steph dans le peloton sur ma droite. Je reprends mon trot dans le passage caillouteux près du massif Ras Kemouna. Mon type de terrain préféré. On passe à droite d’un piton rocheux et voilà le CP1. Déjà !!

    Km 12.2 CP1
    1H50 pour les 12 km ! Pas mal, mais rien n’est fait (Je verrais au retour sur le POSY que je suis 289ème au CP1, ce qui est très au dessus de mes classements habituels et prouve aussi que je suis sans doute parti trop vite….)Il reste 5 CP et 70 km (une Saintélyon….). Steph et Philou sont là, j’ai bien marché (couru) donc, je profite d’un nouveau "sniff" de menthe. Ils sont déjà repartis alors que je remplis mes bidons, je bois, je m’arrose avec le rab et je démarre tranquillement en mangeant ma barre énergétique. C’est une grande vallée sablonneuse avec quelques palmiers. Le peloton suit la trace en faisant une légère courbe sur la gauche, je décide de prendre tout droit à la fois pour trouver du terrain plus stable et avoir moins de distance. Je garde mon cap mais plus j’avance dans la vallée plus je m’écarte du peloton des coureurs.On a du me repérer (« y’a le 201 qui est en train de gratter tout le monde en sortant du balisage….), si bien que je vois un 4x4 de l’organisation se diriger vers moi. Le chauffeur me demande de ne pas trop m’écarter pour ne pas risquer de me perdre…. Je rigole en lui disant qu’il n’y aucun danger (j’ai 300 concurrents à 400m à droite dans une vallée plate comme ma main). Je lui montre ou j’ai prévu de réintégrer le peloton. Oui il peut me faire confiance! Je continue à ce rythme jusqu’au Km 19,6 ou je retrouve mes camarades. On débute une montée sablonneuse ou pendant 400 m chacun s’éparpille dans la montée pour rejoindre le chemin caillouteux qui monte au Jebel Zireg. Pendant près de 2 km (dont 500 m de montée) on va se suivre en file indienne en marchant le long de la ligne de crête du Jebel. Puis c’est la redescente dans le sable (jusqu’au genoux parfois). On vire à droite, puis on continue à monter dans des zones sablonneuses jusqu’à une passe. Après la passe il reste 2 km de terrain vallonné avec du sable jusqu’au CP2. Il commence à faire très chaud (A 12h : température : 32°C  / hygrométrie : 8%) toutes ces zones avec du sable sont très pénible, je progresse très lentement. J’envie tous ces coureurs avec des bâtons qui me dépassent sans effort apparent de leur part. J’essaye même de rester derrière un concurrent qui est au moins V3++, mais rien n’y fait, mes jambes de joueurs de coinche ne sont pas faites pour ce type de terrain. Après 2 Km dans la vallée, j’arrive enfin au CP2 que je franchis en trottinant quand même, faut assurer au cas ou je serais filmé...

    Km25 CP2
    4H42 ! Près de 3h00 pour faire ces 12.5Km !!! Mon bon début est bien loin (de 289ème je suis passé 442ème). Il est 14h00, la chaleur devient écrasante. Beaucoup de concurrents sont sous les tentes pour se reposer ou attendre une éclipse du soleil. J’essaye d’évacuer qu’il reste encore 4CP et près de 60 Km, mais je comprends bien qu’en avançant à 4 km/h je suis loin d’être arrivé…. Pour éviter de trop cogiter, je repars en trottinant (quand je trottine je ne cogite pas, c'est en marchant que je me pose des questions) le terrain étant légèrement caillouteux. Les enchaînements de lit d’oueds et de zones sableuses m’empêchent de courir régulièrement. Je décide d’une »tactique » : Des séries! Je cours 7 mn si le terrain le permet et pendant 3 mn je marche en respirant à fond (je fais de grands mouvements de bras) et je bois alternativement une gorgée et l’autre un gargarisme. J'estime faire environ 1 km dans chaque série. Le soucis c'est dès que je marche, je me fais doubler par des concurrents que je n’arrive pas à rattraper dans les moments ou je courre. J’ai de plus en plus de mal à tenir les 7 mn en mode course et chaque zone de sable devient un prétexte pour me remettre en mode marche. C'est incroyable comme le temps passe lentement quand je suis en mode course (7') et rapidement quand je récupère(3'), à croire que ma montre s'est elle aussi liguée contre moi. Coup de déprime supplémentaire quand je me fais doubler par 2 espagnoles qui elles bavardent tranquillement tout en marchant… Soudain, sur ma gauche je vois débouler Salameh Al Aqra (N°236), le Jordanien, parti 3h00 après nous. J’ai l’impression qu’il flotte sur la piste, sa foulée est puissante, aérienne, le buste droit, sa saharienne qui vole, vision magnifique ! A 12 Km/h il devient très rapidement un point au loin. Même si cela m’a distrait, cela me rappelle qu’il sera arrivé depuis bien longtemps lorsque mon calvaire, lui se finira, peut être…. Pour éviter d’y penser j’entame un débat avec moi-même sur le fait que si Al Aqra est 1er, cela signifie peut être qu’il a pris la tête de la course. Ceci dit on n’est même pas à mi course de l’étape et je ne connais pas son retard sur Ahansal. J’en suis là de mon analyse de la tête de la course (je ferais bien mieux de m’occuper de mon cas) quand je vois passer, toujours sur ma gauche, Mohamad Ahansal (N°1) à la tête d’un groupe de 3 Marocains : le N°2, Samir Akdar, le 4 Rachid El Morabity et le 6 Mustapha Ait Amar. Ils ne sont pas loin de Al Aqra, rien n’est joué donc ! J’ai le réflexe (je ne suis pas encore totalement largué) de faire 2 photos. Pour m’occuper l’esprit et oublier ces putains d'anglais qui n'arrêtent pas de me doubler, je décide de compter le nombre de coureurs du 2ème groupe qui me dépasse.Normalement au bout de 25/30 je devrais voir passer Franck. Je reprends mes séances en 7’/3’, pour me stimuler j'essaye de suivre la trace des premiers. Ce sont des champions pour trouver le sol le plus favorable. Point positif, comme moi, ou plutôt moi comme eux, ils progressent à gauche de la trace générale, je suis dans le vrai! Je vois passer Damien Verdiet (premier Français), Marco Olmo (mon idole), j’essaye de le suivre durant quelques mètres mais à 63 ans, le grand Marco avec sa foulée rasante devient très rapidement invisible à l’horizon. Laurence Klein , la 1ère féminine passe à son tour et j’arrête de compter.

    J’en ai vraiment marre, de ce trek ! Et puis d’abord ce n’est même pas un trek, c’est une course à pied, sauf que je ne courre pas. Je m’arrête à l’ombre d’un petit arbre pour souffler (je ne fais que ça souffler…) et je regarde à l’arrière. Je me rends compte que depuis le départ, je n’ai quasiment jamais regardé derrière moi ! On est toujours à la recherche d’un point devant, du prochain CP ou d’un concurrent que l’on va essayer de rattraper et de doubler, mais je ne regarde jamais ce qu’il se passe derrière. Et bien derrière moi il y a d’autres concurrents et si je reste là, ils vont me passer devant. J’en ai ma claque et je m’en fous un peu que tout le monde me double. Ca ne m’intéresse plus ! Je suis venu pour courir et je ne peux pas (plus) courir. Marcher me déprime car tout le monde me double et puis marcher dans ce coin je l’ai déjà fait ! Et puis ça me saoule ce paysage, il fait trop chaud, y’a pas d’ombre! J’en ai ras le bol de cette boisson sucrée et j’ai pas envie de manger ma Mulebar. Je fouille dans mon ventral et tombe sur mon Ipod. A ben voilà, je vais le mettre, ça me changera les idées (très noires). Je repars en marchant (bien sur) tout en détortillant le fil du casque. Au bout de 10 mn, je finis par mettre le Ipod en route : Manu Chao. Ca me redonne un petit coup de fouet d’autant que l’on est sur une zone un peu plus caillouteuse. Je continue en alternant marche et course très lente avec la musique jusqu’au CP3. Je passe la ligne en chantant avant de couper l’Ipod pour rentrer dans le sas. Les contrôleurs très sympas essaient de me réconforter et de m’encourager malgré le fait que je leur annonce que : »non ça ne va pas du tout ! Mais je n’ai aucun problème ni aux jambes ni aux pieds, c’est tout dans la tête !

    Km 38 CP3
    7h14’. Il est 16h30, j’ai mis 2h et demie pour faire ces 13 bornes…! Plus rapide qu’entre CP1 et CP2 mais c’était tout plat et à priori c’était une partie roulante…(Je suis passé de la 442ème place à la 409ème donc j’ai été plutôt plus performant entre ces 2CP).
    Petit aparté sur mon état, que je ne suis pas capable de faire sur l’instant :les jours précédents nous étions en fin d’étape à cette heure ci. Après un temps de course( d'environ 7h00) j’étais les pieds en l’air en train de siroter ma boisson de récup alors que là je ne suis même pas à mi course et j’en ai ras les baskets!
    Je récupère ma bouteille et me dirige vers une tente ou il y a de la place. Je sens bien que je suis en train de « sortir » de la course et si je m’arrête c'est commencer à glisser sur une mauvaise pente. Je ne veux pas abandonner, mais il faut que je pense à autre chose que je retrouve del’intérêt, la motivation. Pour l'instant, je me demande vraiment ce que je fous là. J’enlève mon sac (très grosse erreur car c’est le premier signe que l’on se met sur la voie de garage), je m’assois et je remplis mes bidons (preuve que je n’ai pas complètement décidé de ne plus bouger d’ici) et je rumine en enlevant mes chaussures (très, très mauvais signe). Il y a quand même de la fatigue, j’ai les cuisses dures et mes épaules douloureuses apprécient que le sac ne soit plus sur mon dos. J’irais au bout de l’étape, pour ma famille, les amis, les enfants du Grain de Folie, j’irais! Mais quand est ce que je repartirais d’ici et quand est ce que j’arriverais, j’avoue que j’en sais rien et que je ne veux pas y penser. Ca ne devait pas se passer comme ça. Je devais surmonter la fatigue, la douleur, aller au-delà de mes limites pour continuer à avancer, mais là je suis dégoutté, désintéressé, envie d’être ailleurs… J’en suis là, au milieu de ces sombres pensées quand Laurent arrive, m' aperçois et me rejoins sous la tente.
    Il doit voir à ma tête que je suis en train de déraper, de sortir de la course. Il prend les choses en main en m'expliquant qu'il faut stopper toute velléités de prendre racine sous cette tente. A ce moment là arrive Franck qui s’écroule à côté! Il souffre de maux de ventre et semble mal en point. Visiblement il a « tapé » dans la machine pour rester au contact dans sa course (vous savez, l’autre course, celle des extra terrestres qui volent sur la piste…). Il veut laisser tomber ! Décidemment ce n’est pas l’heure des Fran(c)k ! Avec Laurent (surtout Laurent) on le motive, Laurent lui donne une barre Mulebar (Avec une Mulebar tout repart !). Il craque au niveau digestif (overdose de ses produits énergisants) On le reconditionne doucement, petit à petit Franck « refait surface », il s’assoit, se relève, et hop le voilà repartit. Yes ! De voir ce champion à l’agonie m’a fait oublier mes petits soucis et dans la foulée, Laurent me dit qu’on est parti, je remets mon sac, mes chaussures. On est parti !

    On quitte le CP en marchant pour grimper tranquillement sur le Jebel Mouchanne. On bavarde, Laurent me raconte son parcours étudiant et professionnel. Je suis très attentif, d’abord parce que c’est intéressant, Laurent a vraiment un parcours assez incroyable dans sa diversité, sa richesse et son ouverture sur le monde en général, ensuite parce que j’oublie le contexte dans lequel nous sommes : la course, le sable, les gens qui nous doublent, mes jambes fatiguées, le sac qui pèse, le nombre de km qui restent, bref je m’évade du MDS. De fil en aiguilles des aventures de Laurent nous avançons. Laurent s’est mis à mon rythme de marche malgré ses possibilités supérieures, ce qui me permet de rester à ses côtés sans m’asphyxier. Nous sommes sur un terrain plat avec quelques bosses. Nous parlons de la famille, des enfants, de la vie quoi! Le soleil se couche, le désert prend une teinte orangée, la température est devenue agréable, les chameaux, qui sont des dromadaires; broutent le long de la piste. On marche à un rythme tranquille, je bavarde avec un ami, je profite du moment, je prends du plaisir. Incroyable contraste, il y a 1h00, j’étais plus loin que l’enfer et je vomissais sur tout ce qui m’entourait et maintenant je retrouve ce qui m’a fait devenir un amoureux inconditionnel du désert. Merci Laurent, déjà rien que pour ce moment de bonheur !

    Des concurrents du 2ème départ nous doublent, on les reconnaît à la petite fleur dessinée sur leur dossard. Doucement, Laurent m'a remis sur les rails de la course. On essaye d’estimer notre arrivée au CP4, on aimerait y être avant la nuit, soit avant 19h30. Notre progression suit le rythme des orientations professionnelles de Laurent (pour moi c’est plus rapide, je n’ai jamais changé de boulot !). Depuis le départ du CP3, je ne bois que de l’eau pure, je ne peux plus supporter le goût (soit disant neutre) de ma boisson. On croise une caravane de chameaux (oui je sais c'est des dromadaires) on franchit des dunettes (je suis tellement absorbé par notre conversation que je ne peste même pas) et après avoir traverser une piste remplie de trace de véhicules, qui nous rappelle que nous sommes bien loin d’être perdu au milieu du désert, nous voilà en vue du CP4. C’est fou, aujourd’hui entre les CP2 et 3, j’aurais vécu le pire et entre les CP3 et 4, le meilleur moment de ce MDS !

    Km 49 CP4
    Il est 19h10, la nuit tombe, nous sommes dans notre timing (arriver au CP4 avant 19h30). Cela fait près de 10h00 que je « courre ». Je viens de battre mon record (9h30 pour la Saintélyon). 2h30 pour faire 11 km, pas rapide, mais personnellement je m’en moque, je suis revenu dans l’épreuve et je viens de passer un super moment. Je comprends ceux qui parlent de ces moments fabuleux de partages sur cette course. J’ai eu ce privilège. Nous avons décidé de nous arrêter le temps de manger. On se pose sous une tente, on allume la frontale et on sort notre « pique nique ». On partage la viande séchée de Laurent, mon saucisson, les noix de cajou. J’avale mon sportdej avec plaisir car je sature des barres et de me mes gels qui sont pourtant ce qui se fait de mieux en goût et qualité. Un Italien nous offre un morceau de chorizo !!! Quel bonheur, je lui aurais embrassé les pieds ! Et vous imaginez des pieds d’Italien après 158 km au MDS….. ! Dès notre frugal repas achevé Laurent donne le signal du départ, il a raison sinon on (je) risque de ne plus repartir. Des concurrents ont décidé de s’arrêter et de dormir au CP4. Que ce soit sous les tentes ou à l’extérieur, beaucoup sont déjà dans leur sac de couchage. Carole et Slye viennent d’arriver au CP et sont interviewés par TV5. On casse notre bâton, qu’on nous a donné au CP3, on le secoue et miracle ça devient lumineux. On le fixe au dos du sac, un petit pipi au jugé (il faut éviter de pisser sur quelqu’un qui dort) et nous voila reparti.

    Direction plein Nord sur le lac asséché Ma der el Kebir pendant 7 km avant 5 km de dunes et le CP5. En prévision de la fraîcheur de la nuit, nous avons revêtu nos polaires. La direction à suivre est donnée par des petits bâtons lumineux disposés tous les 200m environ (quand ils n’ont pas été piqués par des gamins du coin). C’est vraiment sympa de voir ce cordon lumineux avec le ciel rempli d’étoiles. Une nouvelle course commence. Nous marchons derrière des Espagnols en pleine conversation bruyante, aussi nous les laissons prendre un peu d’avance afin de profiter du calme et du silence(relatif) du désert. Ceux qui pensait faire une expérience d’immersion dans le désert avec une cure de solitude pour se retrouver face à soi même, doivent déchanter… Laurent imprime une cadence plus rapide, je suis son rythme, le terrain plat et dur me le permet (pour l'instant) sans que je sois en surrégime. J’ai rempli un de mes bidons avec du Power Punch Tomate, c’est agréable ce goût de tomate, j’alterne eau pure/ eau+ »tomate ».Très vite nous avons trop chaud, on enlève les polaires. Même si nous ne sommes pas seuls au monde, la densité des coureurs est moindre que dans la journée. La course s’étire. Km 56 on rentre dans un champ de dunes, j’ai du mal à rester au niveau de Laurent, je me cale derrière lui, j'essaye au maximum de mettre mes pas dans les siens pour garder le contact. On essaye dans l'obscurité de trouver des directions subtiles ,afin d' éviter certaines montées, en contournant les dunes. Ce n’est déjà pas évident de jour je vous laisse imaginer à la lumière de la frontale…. Insidieusement je perds du terrain sur Laurent malgré mes efforts pour garder ses chaussures dans le halo de ma lampe. Je ne profite pas vraiment de la magie de marcher dans la nuit au milieu des dunes, trop occupé que je suis à éviter de m’enfoncer dans le sable et d’avoir à courir pour rattraper Laurent. Un gars arrive derrière nous en courant, il souffle en criant des »Fuck ! Come on ! Fuck Come on ! Il nous dépasse et les « Fuck ! Come on, s’éloignent …. Ouhou ! Impressionnant ! C’est un des 50 premiers, repérables à la fleur du dossard. Depuis combien de km (et pour combien encore) est il dans ce « mode » là ? Soudain des gamins débouchent de derrière une dune ! Quand je vous disais que l’on était loin du désert. Ils viennent d’un village à 2/3 km et sont là pour voir les fous qui courent (marche pour moi) dans leur « jardin » la nuit… Ca me distrait alors que Laurent a pris quelques longueurs d’avance. Ils vont nous accompagner jusqu’à la fin des dunes. On retrouve de la terre battue pendant 1 Km avant d’arriver au CP5. 2mn après Laurent je franchis la ligne et le bip retentit.

    Km 61 CP5
    On n’a mis pas loin de 3h00 pour faire ces 12.5Km. Cela fait 13H19 que je suis parti. Il est 22h39. On discute un instant avec une doc, en fait c’est surtout Laurent qui bavarde, moi je commence à avoir du mal à garder les idées claires. Depuis le début des dunes, je suis en sur régime, mes cuisses et mon souffle saccadé sont là pour me le rappeler. Laurent essaye de prévoir notre heure d'arrivée, il pense que l'étape doit pouvoir se faire en 18/18h30. Je me dis que c’est incroyable, 18h30 ? C’était une estimation que j’avais faite dans mon canapé, mais compte tenu des évènements de la journée et de la nuit et surtout on est encore loin de l’arrivée, cela me semble inimaginable. D’ailleurs j’ai un peu de difficultés à savoir ou on en est vraiment. Il reste 1 ou 2 CP ? 1 CP ! Dans 11 Km, ensuite une grosse dizaine de km avant l’arrivée. Mieux vaut ne pas trop réfléchir, on repart.
    Après un passage où on slalome entre des arbres, on attaque un plateau caillouteux. C’est mon tour de causer, de raconter ma vie professionnelle, les voyages. Un gars (ou une fille) vient à notre hauteur et pendant environ 1 km il (ou elle) reste à notre niveau en silence. Ce n’est qu’un bon moment plus tard, absorbé par notre (mon) bavardage qu’on constate qu’il (ou elle) a disparu. A priori on du le (la) lâcher car Laurent tout en me faisant parler maintient un rythme assez élevé. Je prends conscience que je parle et que mes jambes avancent, mais qu’il n’y pas vraiment de commandes pour ces 2 actions. Mon bavardage (provoqué par Laurent) évite à mon cerveau de prendre conscience que mes jambes fonctionnent. Il semble absent des débats et laisse les éléments de mon corps (jambes, voix) agir à leur guise. Mes cuisses me font mal (je n’ai plus de sporténine) et j’ai peur de choper des crampes, mais malgré la douleur mes jambes continuent d’avancer au rythme de Laurent. Un nouveau passage sablonneux au niveau du Jebel Joufert ou je décroche et suis les traces de Laurent avec toujours la même obsession : ne pas perdre de vue les talons de ses Hoka dans le faisceau de ma lampe. Pendant que Laurent change les piles de sa lampe, je souffle en faisant de grandes expirations. J’ai l’impression d’être sur du 350V au lieu du 220 habituel… J’essaye de boire, mais je n’ai plus la lucidité pour m’hydrater régulièrement, quand j’y pense je prends de grandes goulées d’eau pure. J’ai abandonné la « Tomate » au CP5 ainsi que toutes formes de sucre… Parfois on croise des 4x4 qui nous font penser que le CP approche, mais ce ne sont que des membres de l’organisation ou des docs qui surveillent que tout se passe bien pour les concurrents. Je serais curieux de savoir combien pourrait dire à cet instant (hormis ceux qui sont arrivés) « pas de problème, ça baigne, tout va bien » ? On finit par sortir de la passe du jebel. On semble distinguer un halo lumineux qui annoncerait le CP. Je repense à la Saintélyon ou le fait de courir la nuit était devenu la logique, j’ai un peu le même ressenti : ma tête est totalment déconnecté des éléments environnants : nuit, désert, isolement (depuis le CP5, nous n’avons doublé personne et personne ne nous a doublé). Mes pensées (si l'on peut parler de pensées) sont limitées à: avancer, continuer à faire le mouvement d'un pas devant l'autre! De toute façon j’ai le regard rivé par terre pour regarder ou je pose les pieds et mon univers visuel se limite au champ lumineux de ma frontale. Pour la beauté du ciel, l’ivresse de la nuit dans le désert va falloir repasser. Je commence à radoter, plusieurs fois je demande à Laurent si je ne lui pas déjà raconté ce que je suis en train de lui dire… Cette fois ces lumières c’est bien le CP, mais plus on avance plus elles semblent s’éloigner! Malgré tout on finit par arriver au CP6, après qu’ils l’aient reculé d'au moins de 2 Km.

    Km 72 CP6
    Il est 1h14, cela fait 16H00 de course ! 2h45’ pour ces 11 Km. L’ambiance au CP6 est étrange, il n’y a quasiment personne, un seul sas pour les 850 concurrents. Un peu le sentiment d’être au bout de nul part. 2 Docs dans un 4x4. Pas de lumière sur le site. Bon, tout est fait pour qu’on ne s’y éternise pas. Ca tombe bien ce n’était pas notre intention. Il reste 10 Km, 10 tours du stade de Méons (ou je m’entraîne parfois), un gros aller/retour entre la maison et Rochetaillé (un village que je traverse tous les Dimanches dans ma sortie longue). Après tout ça, (j’ai battu mon record de distance : 68 km) je ne vais pas craquer ? Laurent ne se pose pas ces questions, il me dit qu’on doit y aller. Me remettre en route n’est en soi pas difficile car mes jambes sont totalment autonomes. Pour elles c’est presque d’être à l’arrêt qui pose problème. On finit par distinguer le fameux rayon laser vert qui indique l’arrivée, mais son point de départ (l'arrivée) semble être à des milliers de Km. Je remets mes yeux sur les talons des chaussures de Laurent. La nature du terrain n’a plus d’importance, il n’y a qu’une chose : avancer un pied et puis l’autre pour rester au contact visuel des chaussures de Laurent. Il pourrait passer une escadrille de dinosaures devant moi que je ne les verrais pas.

    Par intermittence, je ressens la douleur dans les cuisses et dans ma cheville droite, mais si je laisse le petit bout (qui reste) de mon esprit rationnel fonctionner, son message est très clair : »Plus jamais ça! Arrêt immédiat ! Stop! Heureusement, il n’a pas vraiment la possibilité de s’exprimer :Laurent, devant moi me harcèle de questions sur mon magasin, les promotions ou opérations que je devrais mettre en place. Bref des questions essentielles à cette heure et à cet endroit. Comme je n’ai pas l’énergie (et la lucidité) de lui répondre que ce n’est pas le moment, je lui explique par le détail ce que je fais et pourquoi je le fais ou pas. Beaucoup de mes connexions cerveau- membres inférieurs sont grillés et comme je le disais plus haut, il y a une quasi autonomie de mes jambes. Habitués depuis des Km à faire un pas devant l’autre à un rythme donné, elles continuent leur job tant qu’il reste un peu de carburant dans les rouages de la machine ou qu'une intervention quelconque les stoppe. Cela ne risque "heureusement" pas d'arriver car une grande partie de mes commandes internes ne fonctionnent plus ou alors de façon indépendante de ma volonté (notamment la parole et le fait que je réponde aux questions saugrenues de Laurent).
    J’ai l’impression d’être un zombie, le sentiment qu’une partie de moi s’est détaché de mon corps et que je suis spectateur de cet individu qui marche mécaniquement. Suis je allé au-delà de mes limites ? Physiquement je n’en sais rien, certainement, même si je continue d’avancer. Mentalement ? C’est sur ! D’ailleurs, je suis plongé dans un état mental dont j’ignorais totalement l’existence. Je crains même d’être aller dans des zones dont je ne pourrais peut être pas revenir…. Folie ?

    Je prends quand même conscience que Laurent s’éloigne. A-t-il accéléré ou c’est moi qui ralentis ? Comme je ne commande plus rien et surtout pas mes jambes, je suppose qu’il a du élever son rythme. L’ennui c’est que je ne parle plus et cela laisse un espace à ma raison pour divaguer. Je souffle bruyamment pour retrouver un rythme cardiaque normal (je suis plus qu'en surrégime sur ce plan là). Laurent, malgré que je ne le vois plus, continue de m’encourager et de me soutenir, notamment en me disant qu’il reste 1km (alors qu’il doit en rester au moins 3). Comme pour le CP6, je suis persuadé que le rayon laser vert, qui est parait il, sur un camion à l’arrivée, recule. Laurent a pris une dizaine de mètres d’avance,il me crie de le suivre, il pense qu’en partant sur la droite, on va pouvoir couper... Je n’ai aucune possibilité de le contredire et aucune envie non plus. Je suis persuadé que cela ne s’arrêtera jamais, j’ai peur que cet état de souffrance (malgré les pétages de plomb généralisés, je ressens de plus en plus des douleurs aux cuisses et au pied droit) dure indéfiniment, que je ne franchisse jamais la ligne d’arrivée. Je monte, je descends, l’espace temps n’existe plus. Je regarde ma montre en me disant que quand l’aiguille sera là, ça sera fini, ce calcul me rassure sur mes facultés à raisonner, si je suis capable de compter c'est que…. Au bout d’un temps indéfini, je distingue la masse noire du camion ou est installé le laser. Après une autre éternité ou j’ai fermé toutes les portes à tous sentiments ou raisonnements, j’entends un bip, c'est Laurent qui passe la ligne. 2mn après (qui pour moi équivalent à 2H00) Je franchis à mon tour la ligne d’arrivée. C’est fini… ??!! Il fait nuit et je suis arrivé! On l'a fait!

    Km 82 Arrivée de la 4ème étape.
    C’est vraiment fini… ??!! J’ai terminé l’étape! Il est 3h40?! cela fait 18h25 que je suis parti, j’ai parcouru les 82 Km….?! Ce sont plus des questions que des affirmations.
    Je suis scotché sur la ligne, hébété, Laurent est là. Je ne peux pas parler, mon cœur est à 1500 pulsations minute. Je ne sais pas si je suis content, soulagé. Je n’arrive pas à ressentir d’émotions. Les multiples fusibles qui ont grillés dans ma tête n'ont pas encore eu le temps de se reconstituer. Je fonctionne à 5% de mes possibilités. Je suis au niveau pré néerdenthal. Je voudrais remercier Laurent car sans lui je serais sans doute encore au CP3, mais je n’arrive pas à formuler de mots (donc des phrases, vous imaginez…). Les contrôleurs me demandent si ça va, je hoche la tête: » Oui! Impeccable, prêt à repartir ». Il faut bouger de la ligne d’arrivée. Je suis Laurent en remettant une jambe devant l’autre pour me diriger vers la tente ou les bénévoles nous donnent nos bouteilles d’eau. Les jambes dociles, repartent…. La journée, enfin la nuit n’est pas terminée….

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    Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 7: 4ème étape Jour 1 Empty Re: Exclusivité Bled Runner!!!!!! En avant première le récit : Grain de Folie du dossard 201. Partie 7: 4ème étape Jour 1

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