Bonjour,
Ci dessous mon CR du Marathon des Causses à Millau, désolé c'est long, je ne sais pas faire court...
D'ici 2/3 jours je vous ferais un petit retour sur les produits Efffimov que j'ai testés sur cette course.
Samedi 23 novembre. Réveil 9h00, comme c'est agréable de ne pas se lever à 5h00 pour une course ou tout endormi il faut se préparer et avaler un petit dej 3h00 avant le départ... Là c'est tranquille, je descend prendre un petit déjeuner dans l'hôtel, je retrouve d'autres coureurs, ça y'est on est dans l'ambiance course. J'ai prévu de partir de l'hôtel à 11h45 pour le départ à 13h15 (il y a 10 mn de trajet), j'ai donc 2h00 pour me préparer: je fais mon mélange Hydrixir/Malto, remplit les 1,5L de la poche du sac, je teste, je règle les courroies, Véronique (mon épouse) me place mon dossard et vu la météo je choisis la tenue légère: maillot manche courte et cuissard. Je met mon kway, mon ravito solide et de la sporténine dans le filet du sac, je mange un morceau de gatosport, une vitamine et c'est parti. Vraiment cool d'avoir du temps, je sens déjà que j'ai économisé un max d'énergie. Arrivé sur le parking repéré la veille, j'enfile mes chaussettes à orteils, mes chaussures, ma casquette, Véronique fait quelques photos de l'Athlète et on se dirige vers le départ. Encore 20mn. J'ai décidé de me mettre dans les premiers sur la ligne. C'est cool, l'ambiance est sympa , je suis au soleil contre la barrière on discute avec les voisins, Véro est à coté., le speaker taile la bavette avec les stars sur la ligne, puis soudain musique: Carmina Burana, et le décompte 5,4,3,2,1, c'est parti!
2km de route pour sortir de Millau et prendre son rythme, je fais gaffe à y aller mollo (11km/h) c'est surtout pour ça que j'ai pris mon chrono GPS. Mais d'être parti relativement dans les premiers m'évite la bousculade des premiers mètres. Dès qu'on est en dehors de la ville, une grande montée en chemin ou tout le monde marche. le ton est donné. Comme ça pendant près d'une borne. Arrivé sur le plateau on courre pendant environ 5km en enchainant les petites montées et descentes sur des chemins assez larges. Cela permet de créer des groupes selon le rythme de chacun et je commence à repérer quelques concurrents. je bois bien toutes les 5mn, j'ai ma montre qui bip pour me le rappeler.
Vers le 8 ème km, on rentre dans la forêt et le chemin grimpe brutalement, je m'y attendais car je me suis mis les repères du profil de la course dans la main. On est en "single track" et je me fais la montée derrière une fille qui monte avec des batons, je fais gaffe car parfois son baton s'envole derrière elle.... Il est impossible d'envisager de courir vu le dénivelé et même si parfois je marcherais peut être plus vite, je reste tranquillement derrière le cuissard bleu ciel....
On finit par déboucher sur le plateau du Causse Noir et je m'aperçois que derrière il n'y a plus personne, finalement on n'a du monter à un bon rythme. Nous sommes une petite dizaine et pendant 5km on va courir sur des sentiers plutôt faciles, sablonneux et sans pièges. Nous sommes en bordure du plateau, la vue sur Millau et le viaduc est magnifique, le soleil est là, on fait un petit 10 km/h, je fais le serre file de notre groupe, tout va très bien, que du plaisir!!! Au bout d'un moment notre "leader" décroche et vient se mettre derrière moi. On se croirait dans une échappée du Tour de France. Parfois on double un concurrent isolé, j'arrive même sans m'arrêter à enlever mon sac et prendre mon cachet de sporténine (toutes les heures) et un morceau de barre de céréales
Soudain, le sentier plonge et immédiatement un ralentissement, je me retrouve sur les talons du coureur devant, je lance un "attention à gauche" et je le double, le sentier est assez raide mais sans cailloux ni racines ou autres pièges, donc je me laisse aller, je met en position de "skieur" comme j'ai appris et lu et les bras en balanciers je dévale la pente. Assez rapidement j'ai dépassé la dizaine de concurrents qui formaient notre groupe et me voilà seul devant toujours plein gaz. Vraiment je m'éclate, je me sens bien, je n'ai pas d'appréhension, les appuis sont bons et mis à part quelques coups de frein dans les virages en épingles je suis en totale relâchement. Je double un gars au ralenti et je me dis que finalement contrairement à ce que je pensais je me débrouille pas trop mal en descente et je repense à un article qui disait que c'est dans les descentes que les courses se gagnent, je ne suis pas là pour gagner la course, mais sur un petit kilo de descente je gagne surement du temps et des places.... Je bois souvent pour éviter au maximum que les muscles des cuisses et des mollets durcissent....
Je recolle un groupe sur la fin de la pente avec lequel je me remet en mode marche.... pour attaquer 300 m d'escalade!!!Je me félicite d'être petit et souple car pour cette ascension (c'est vraiment le mot) c'est un avantage. J'en profite pour de nouveau enlever mon sac et manger un gâteau aux amandes Arrivé au sommet nous sommes au 15ème km. Je ressens un petit coup de mou, cela fait 2h15 que l'on est parti et je vois mal comment je pourrais mettre moins de 5h00 (mon idée de départ), surtout quand un gars du groupe annonce qu'il en faudra au minimum 6.... Depuis un moment j'ai des douleurs au ventre, comme si je digérais mal, je rote et je pète histoire d'évacuer(désolé, mais cela fait partie de la vie d'une course, les habitués s'y retrouveront) , est ce que c'est le solide que je mange? la sporténine? la vitamine d'avant course? le petit déjeuner traditionnel de ce matin? l'horaire inhabituel du départ et de la course? Allez savoir...???
Ceci étant on est parti pour 10 bornes de traversées sur le plateau avant le ravito et la 2ème descente. J'essaie de me caler à un petit 10 km/h sachant que l' on est sur un sentier à travers la forêt avec quasiment pas de dénivelé. J'en profite pour faire un check up de la "machine" pas de douleurs aux jambes, ni aux pieds, de ce côté là tout est OK! J'ai un peu mal aux hanches??!! Peut être la descente?
C'est vraiment un beau parcours et avec ces arbres, ce terrain, on se croirait dans mon Pilat (Saint Etienne est au coeur du Pilat) un jour de beau temps. Depuis un moment il y a beaucoup de monde qui nous encourage, c'est vraiment agréable surtout en plein coeur de la forêt ou au détour d'un virage de voir des gens qui vous applaudissent. Il n'y a plus de groupes, c'est sans doute du au fait que le parcours est plat et plutôt large ce qui fait que chacun est à son propre rythme. Je bois, je profite du paysage, les km défilent.
20,7 km, Ravito! Beaucoup de monde, un petit verre d'eau pure( ça change de ma soupe), un de coca et je remplit ma poche à eau , ça va me diluer mon mélange Hydrixir/Malto comme je l'avais prévu dans ma "taquetique" d'hydratation. Quelques assouplissements et je repars en prenant la foulée d'un gars au maillot vert fluo avec qui j'ai fait la 1ère montée. On va courir pendant presque 5 km ensemble, on retrouve beaucoup de coureurs avec qui on a déjà couru, à ce stade de la course, tout le monde est quasiment au même niveau et il n' y a pas d'écart qui se créent. Vers le Km 25, on replonge pour une longue descente de près de 2km, je reste sagement derrière un petit groupe car je me dis qu'après plus de 3h00 de course, avec la fatigue, la lucidité est moindre, donc prudence... Mais très vite je me rend compte que je ne suis pas à mon rythme, je suis "en dedans", donc je klaxonne (Attention! à gauche ou à droite) et je double le gars devant moi qui au passage me lance en rigolant:" Eh oui la descente y' en a ils sont né dedans", ça me booste à fond et c'est reparti! Cette descente est moins raide que la 1ère, mais plus technique, je suis concentré à fond, j'anticipe le plus possible ou je vais poser le pied, j'essaye d'être le plus en position assise, les bras écartés et complètement relâché. Je fais la descente du siècle (enfin pour moi), il y a même des spectateurs dans les virages qui applaudissent et m'encouragent, je suis sur un nuage, je rattrape un type qui descend prudemment en marchant qui s'écarte rapidement en me voyant débouler.J'essaie au maximum de prendre mes appuis sur le bout du pied, j'ai la pipette coincée dans la bouche et j'aspire une petite goulée à chaque respiration. Je ne sais pas combien de temps cela dure, curieusement je suis seul j'ai l'impression d'être ailleurs, pas appréhension, pas d'hésitation, en confiance, c'est un grand grand moment de plaisir, un grand moment de course à pied!
Arrivé en bas, je sors de ma bulle et rejoins un petit groupe qui entame en marchant la remontée (ça ne rate jamais, après une descente, il y a une une….) j'en profite pour me remettre de cette descente de folie, j'ai quand même les cuisses qui "chauffent" et quand je fais un écart pour grimper (on a repris l'escalade...) j'ai un début de crampe et une boule qui se forme dans les mollets. Je bois, une sporténine et je me cale sur le rythme de ce groupe sans lever les yeux des chaussures du gars devant moi. Pendant près de 30 mn, on va alterner grimpettes ( avec parfois les mains) et marche active sur des sentiers à très fort pourcentage de dénivelé + . Au bout d'un moment derrière moi je sens que certains voudraient se remettre à la course, je fais profil bas et j'en profite pour essayer de récupérer et de retrouver de la souplesse dans les jambes, j'ai toujours des débuts de crampes, et oui, on paye toujours à un moment ou un autre….Ceci dit c'est vrai que depuis un moment cela ressemble plus à un trek qu'a une course à pied. Nous sommes au 30 ème Km et cela fait 4h50 que l'on est parti, il est presque 18h00, va falloir arriver avant la nuit, j'ai pas de lampe et sur ce parcours ...De nuit....
Bon ça y'est on est passé sous la falaise et le sentier s'élargit, on peut enfin reprendre la course et le groupe formé durant l'ascension se disloque. Je suis avec un gars de Castres et on se met à discuter des Verts dès que je lui ai dit que j'étais de Saint Etienne, on passe un bon kilomètre à se foutre de la gueule des Lyonnais.... On se quitte dans une petite descente (ou je lui met 20 m dans la vue en quelques secondes, il ne savait pas qu'il courrait avec un pro de la descente...) juste avant le ravito du 34 ème km.
Le ravito est dans un petit hameau, il y a une foule énorme qui applaudit et qui encourage les coureurs, j'en ai la chair de poule c'est vraiment extraordinaire, on a le sentiment d'être des héros. On pénètre dans une grange ou on trouve de l'eau, du fromage et de la charcuterie, je suis tenté mais vu mes problèmes gastriques que j'ai un peu oubliés d'ailleurs, preuve que cela va mieux ou que j'ai plus mal ailleurs, ce qui est probable, font que finalement je m'abstiens. C'est sympa ce ravito dans cette grange, je m'assois sur un banc et essaye de téléphoner à Véronique pour lui dire qu'il me reste encore 6 km et qu'elle ne s'inquiète pas (je lui avais parlé de 5h00 de course environ), pas de réseau! Bon c'est pas tout, on est bien là mais il faut repartir, un verre d'eau pour la route et je vois passer le gars de Castres, je pars derrière lui. Pendant 3 km c'est des chemins de traverses vallonnés que je fais en courant, j'ai redoublé Castres et je suis la plupart du temps seul, pas mal de spectateurs malgré la nuit qui tombe, la route ne doit pas être loin. Je rejoins un groupe juste avant la dernière descente, la fatigue est bien présente et je reste sagement en queue de peloton, c'est très caillouteux et on glisse beaucoup, les rolling stones (les cailloux roulent) et c'est super dangereux, tout le monde est très prudent, c'est pas le moment de tomber. il y a pas mal de trou et de gros cailloux et personne n'ose vraiment se lancer dans l'axe du tracé, on descend en escalier, j'ai les yeux rivés sur les pieds du gars devant moi et l'objectif c'est d'éviter la chute. Au bout de 500m de ce régime usant on déboule sur le goudron, le premier du groupe se met sur le coté, visiblement épuisé, on le dépasse en le remerciant de son "boulot" et je file 2 types dans la descente goudronnée, on est content de retrouver la route après cette zone caillouteuse et super glissante.
Ce "plaisir" ne dure pas et je m'efforce de ménager mes talons, je sens mes mollets qui se tétanisent, mais l'écurie n'est plus très loin, allez maintenant c'est la tête qui dirige… Tout d'un coup sur un replat, je vois le gars de Castres qui déboule sur la droite et file comme une flèche, lui aussi c'est un sacré descendeur et en plus il a un gros finish! On arrive dans Millau, la nuit est tombée, je vais finir en moins de 6H00. Le dernier kilomètre est pénible malgré les encouragements, je parviens à présent dans la ville, le bitume fait mal aux jambes, je me fais doubler, bon ça va c'est un "jeune", il ne me prendra pas une place au classement des "vieux", on longe le Tarn, puis on remonte sur un pont ou la circulation des voitures surprend après ces heures passées dans la nature, enfin on déboule sur le bvd des Gantières, c'est l'arrivée ou comme d'hab je fais un petit sprint de 50 m avec la banane (même quand je suis à l'agonie, c'est pour donner le change...). On me passe la poêle à frire (pour voir si je ne porte pas d'arme?) 5h53' indique le chrono, Véronique est derrière la barrière, pas inquiète sur mon "retard", l'organisation a expliqué aux spectateurs que compte tenu de la difficulté du parcours les temps estimés seraient à rallonger d'au moins 1h00…. Je rend ma puce, je me change (c'est pratique d'avoir une assistance) récupère mon débardeur (???!!! curieux comme choix) souvenir et je me dirige vers la tente du ravitaillement. Ma chère épouse me trouve "en forme" et m'annonce que je suis 242 ème, sur 900 partant c'est pas mal, bon faut relativiser, je finis 2h20 après le vainqueur…. Après une petite collation, plutôt que de faire la queue (au moins 30' d'attente on m'annonce) , on choisit de rentrer à l'hôtel, je commence d'ailleurs à avoir froid et après une douche, on fête ça devant une entrecôte frites et un verre de côtes du Rhône, elle est pas belle la vie!
Frank